31 mai 2020 - Solennité de la Pentecôte — Diocèse de Tulle

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31 mai 2020 - Solennité de la Pentecôte

Collégiale Saint-Martin de Brive

 

 

 

Chers frères et sœurs !

Pendant plus de deux mois, nos communautés ont été privées de l’Eucharistie, en raison du confinement sanitaire, pour lutter contre une pandémie qui a fait des centaines de milliers de morts dans le monde et qui, après l'hémisphère nord, continue de ravager l'hémisphère sud, particulièrement en Amérique latine. La privation de l’Eucharistie nous était imposée du fait de l'interdiction de se rassembler dans les églises. Nous pourrions faire de cette situation une lecture purement humaine, mais nous pouvons aussi – comme pour tous les évènements de notre vie et de la vie du monde – en faire une lecture spirituelle, pour nous demander ce que Dieu nous dit à travers ces événements – ce qui ne signifie en rien qu'il en soit la cause.

Maintenant que nous pouvons à nouveau participer à l’eucharistie, et chaque fois que nous y participons, vivons avec une foi toujours plus vive le mystère qui s'accomplit à l’autel, c'est-à-dire l'actualisation de l'acte suprême d'Amour que le Christ a réalisé par sa mort et sa résurrection ! C'est le même et unique cœur de la théologie et de la vie chrétienne – le mystère pascal du Christ – qui se réalise, dans les diverses solennités et fêtes, avec des dons de grâce particuliers.

Aujourd'hui la solennité de Pentecôte se distingue par son importance, parce qu’en elle se réalise ce que Jésus avait annoncé et promis. Lorsqu'il montait à Jérusalem, il avait dit à ses disciples : « je suis venu jeter un feu sur la terre et comme je voudrais que déjà il fût allumé » (Lc 12, 49). Voilà que ces paroles trouvent leur accomplissement le jour de la Pentecôte, 50 jours après sa Résurrection. L'antique fête juive est devenue, dans l'Eglise, la fête par excellence de l'Esprit-Saint : « ils virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu ; … « tous furent remplis de l'Esprit-Saint » (Ac, 2, 3-4). Le Christ a apporté sur la terre le véritable feu, l'Esprit-Saint.

Dieu veut toujours donner ce « feu » à toutes les générations humaines, quand il veut et comme il veut, car l'Esprit « souffle où il veut », comme il est dit dans l'Évangile selon saint Jean. La voie sûre que Dieu a choisie pour « jeter le feu sur la terre », c'est JESUS, son Fils, qui a pris chair de notre chair, qui est mort et ressuscité pour notre salut. Et Jésus a constitué l'Eglise, comme son Corps mystique, pour qu'elle prolonge sa mission, au long des siècles de l'histoire. Au soir de sa résurrection, Jésus a « soufflé » sur ses Apôtres, en leur disant : « Recevez l'Esprit-Saint ! ».

Et, aujourd'hui, solennité de la Pentecôte, la Sainte Ecriture nous rappelle ce que nous devons être et ce que nous devons faire pour accueillir ce même Don. Les disciples étaient réunis au Cénacle, dans la chambre haute, devenue pour ainsi dire le « Siège » de l'Eglise naissante. Mais plus que du lieu, ce dont il est question, et qui nous concerne, c'est de l'attitude intérieure des disciples : « Tous d'un même cœur étaient assidus à la prière » (Ac 1,14). Ils avaient donc un même cœur, c'est-à-dire que la concorde régnait entre eux et c'était la condition pour que vienne l'Esprit-Saint. Mais pour que cette concorde existât, il fallait la prière.

Frères et sœurs, ce qui valait pour la première Pentecôte vaut pour l'Eglise aujourd'hui, pour nous qui sommes là, ce matin. Si nous voulons que Pentecôte se réalise aujourd'hui, qu'elle soit réellement un événement actuel du salut, nous devons nous disposer par la prière et l’humble écoute de la Parole de Dieu. C'est ce que ne cesse de nous rappeler le Saint-Père, afin que nous n'allions pas nous imaginer que les activités apostoliques seraient plus importantes que la prière. La Vierge Marie, Mère de l'église, nous enseigne la juste attitude. Cette année où Pentecôte tombe le 31 mai, jour où l'on célèbre habituellement la fête de la Visitation, nous nous rappelons que cette rencontre de Marie et Elizabeth, l'une vierge et l'autre stérile, fut une sorte de Pentecôte, qui fit jaillir la joie et la louange dans leur cœur, parce que les deux étaient devenus mères par une grâce divine extraordinaire.

Dans le récit de Pentecôte, les Actes des Apôtres utilisent deux grandes images bibliques, celle du vent et celle du feu, rappelant ainsi la Théophanie du Sinaï, où Dieu conclut un Pacte, une Alliance avec son Peuple. Dans la Pentecôte de la Nouvelle Alliance, c'est un nouveau Peuple qui est constitué, l'Eglise, non par une volonté humaine, mais par la force de l'Esprit-Saint. Cette Esprit donne Vie à une Communauté, Une et Universelle. Seul l'Esprit-Saint, en effet, parce qu'il crée l'unité dans l'amour et l'acceptation réciproque des différences, peut libérer l'humanité de la tentation permanente d'une volonté de puissance terrestre qui veut tout dominer et uniformiser.

Saint Irénée de Lyon avait formulé une vérité très profonde au sujet de l'Esprit-Saint et de l'Eglise : « Là où se trouve l'Eglise, là se trouve l'Esprit de Dieu, et là où se trouve l'Esprit de Dieu, là se trouve l'Eglise et toute grâce ; et l'Esprit est la Vérité ; s’éloigner de l'Eglise signifie refuser l'Esprit » et donc « s'exclure de la Vie » (Adv. Haer. III, 24, 1).

À partir de Pentecôte se manifeste pleinement cette union entre l'Esprit du Christ et son Corps mystique, c'est-à-dire l'Eglise. Et on voit clairement qu'une multitude de langues et de cultures différentes appartiennent à l'Eglise ; et celles-ci peuvent se comprendre entre elles et s’enrichir mutuellement. L'évangéliste Saint Luc nous transmet ainsi une grande vérité, c'est-à-dire qu'au moment même de sa naissance, l'Eglise est déjà « catholique », c'est-à-dire universelle. Elle parle toutes les langues, parce que l'Évangile qui lui est confié est pour tous les peuples. De cette Eglise universelle naîtront ensuite, dans toutes les parties du monde, les Eglises particulières qui sont toujours des réalisations de la seule et unique Eglise du Christ. L'Eglise catholique n'est pas une fédération d'Eglises, mais une réalité unique.

Pour conclure, nous pouvons retenir une dernière réflexion du récit des Actes des Apôtres : l'Esprit-Saint est capable de vaincre toute peur ! Après l'arrestation de leur Maître, les disciples s'était enfermés au Cénacle, par peur de subir le même sort que Jésus. À la Pentecôte, lorsque l'Esprit se pose sur eux, ils sortent sans peur et commencent à prêcher la Bonne Nouvelle du Christ crucifié et ressuscité. Ils n'ont plus peur, parce qu'ils sont entre les mains du Paraclet, du Défenseur ! Frères et sœurs, là où entre l'Esprit-Saint, il chasse toute peur et il nous fait savoir que l'Amour infini de Dieu ne nous abandonne jamais ! Et de cela, nous en voyons l’illustration tout au long de l'histoire de l'Eglise, dans le témoignage des martyrs, le courage des confesseurs de la foi, le zèle des missionnaires, l'audace des prédicateurs, et l'exemple de tous les saints.

L'existence même de l'Eglise, quels que soient les faiblesses et les péchés de ses membres, révèle cette force de l'Esprit-Saint. Poussée par le souffle divin, animée par son feu, l’Eglise avance au large, sur l’océan de l’Histoire. C'est dans cette Foi et cette Espérance que nous répétons, aujourd'hui encore, par l'intercession de la Vierge Marie : « Veni, Sancte Spiritus », Viens, Esprit Saint ! Renouvelle la face de la terre ! Amen.

 

 

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