8 décembre 2020 - Solennité de l’Immaculée Conception — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

8 décembre 2020 - Solennité de l’Immaculée Conception

Collégiale Saint-Martin de Brive

Aujourd’hui, frères et sœurs, l’Eglise tout entière contemple le mystère de l’Immaculée Conception, et, à travers lui, le mystère de Dieu et le mystère de l’homme. L’Eglise contemple aussi son propre mystère. Voilà pourquoi, cette journée particulière du temps de l’Avent, nous réjouit tant et nous remplit d’Espérance. L’Immaculée conception est le point décisif de l’histoire du salut. Dans son éternel amour, Dieu, de toute éternité, a choisi l’homme. Il l’a choisi dans son Fils éternel. Et ce choix éternel a pris forme dans l’incarnation de ce Fils éternel. Et pour que cela se réalise, le Père éternel a choisi la Mère du Verbe incarné parmi les hommes. Il l’a choisie dès le premier moment de sa conception, la rendant ainsi digne de la maternité divine à laquelle elle serait appelée au moment voulu. Marie a été faite héritière de la sainteté de son propre Fils, première parmi tous ceux et celles qui recevraient leur rédemption, leur salut, du sang du Christ versé sur la croix.

L’humanité, dès son origine, a refusé la communion que Dieu voulait vivre avec elle. C’est ce que nous appelons le péché originel. Seule la foi en Jésus Sauveur nous révèle cette situation dans laquelle nous entrons nous-mêmes dès le moment de notre conception, en raison de la solidarité qui unit tous les membres de l’humanité. Nous constatons chaque jour combien le mal habite l’humanité et chacun d’entre nous. Que la source de ce mal soit le péché nous est révélé par le fait que Dieu a envoyé son Fils refaire de nous des fils de Dieu et nous faire entrer à nouveau en communion avec lui et entre nous. Comme le dira saint Paul : « Là où le péché s’était multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20).

Le récit de la chute dans le livre de la Genèse nous fait comprendre que l’un des signes les plus perceptibles de ce péché originel est que nous rejetons sur les autres et sur Dieu même la responsabilité de ce qui va mal, que nous sommes sans cesse portés à accuser les autres, à trouver des coupables en dehors de nous-mêmes. C’est toujours l’autre qui est responsable des disputes dans le couple, dans les bagarres entre enfants, dans les guerres entre pays, dans les conflits dans l’Eglise, dans les désordres de la société.

Mais, si la foi chrétienne nous dit que nous faisons partie d’une humanité qui a besoin d’être sauvée, elle nous dit d’abord et surtout que Jésus a renversé cette situation. Car Lui est, à la différence d’Adam, vraiment innocent. Il n’a jamais été marqué par le péché du monde. Parce qu’il est le Fils de Dieu, il est « Le Saint », à l’image de son Père. Seul il peut nous délivrer du péché et de cette sorte de solidarité dans le péché qui marque l’humanité. En entrant dans le monde, il ne dit pas : « c’est de leur faute, qu’ils se débrouillent ». Il dit au contraire : « Tes péchés sont pardonnés. Va et ne pèche plus… Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Il est l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, en le prenant sur lui. Il est le seul vraiment solidaire de nous. Il renverse la solidarité dans le péché qui nous marque en la vraie solidarité qui consiste à nous reconnaître pécheurs et à lutter, non pas les uns contre les autres, mais ensemble contre le mal. Il crée l’humanité nouvelle où la grâce est plus forte que le péché. Nous sommes, nous, en route vers cette humanité nouvelle.

Dans notre race humaine, il y a une femme qui a été, au moment même où elle a été conçue, cette humanité nouvelle. C’est la Vierge Marie. Parce qu’elle devait être la mère de Celui qui venait délivrer l’humanité du péché, Marie en a été préservée dans sa conception même. Par une grâce anticipée lui venant de la Rédemption accomplie par son Fils, elle a été préservée de ce péché qui nous habite dès notre conception et qui se traduit dans notre vie par les péchés différents et multiples que nous commettons. Marie est la créature la plus graciée, donc la plus « comblée de grâce » par le don tout gratuit de Dieu et, déjà, mystérieusement, par la vie, la mort et la résurrection de son Fils. Ce n’est pas la mère qui a causé la sainteté de son enfant ; c’est l’enfant qui a été cause de la sainteté de sa mère.

Sa Parole à l’ange, au moment de l’annonciation – « voici la servante du Seigneur » - avant de la dire par ces mots, elle l’a dite dans son être même, parce que ce qu’elle était au moment de l’Annonciation, elle l’était depuis toujours, l’Immaculée, la « sans péché ». Elle a vu et voit le mal dans le monde. Elle en a souffert. Elle a prié et elle prie Dieu d’en délivrer son Peuple et l’humanité. Elle ne s’est jamais désintéressée de l’humanité, en disant « C’est de leur faute ; qu’ils se débrouillent ! ». Par son Fiat, elle est pour toujours devenue unie au Christ et à son combat contre le mal. Elle est ainsi devenue pour toujours unie à nous, à un point que personne d’autre ne peut atteindre. Elle a sur nous un regard respectueux, aimant, douloureux parfois, mais sans aucun mépris, comme en témoigne la petite Bernadette de Lourdes. Elle est sans compromission, sans faiblesse, sans complicité pour nos péchés, mais elle est toujours confiante en son Fils et en nous, en nos possibilités de faire le bien. Elle est l’être humain que nous souhaitons tous un jour rencontrer, pleinement humain, parce que transparente à l’amour du Père, à la présence du Christ, à la sainteté de l’Esprit-Saint.

Frères et sœurs, la Vierge Marie a été Immaculée en vue d’être la mère du Sauveur. Et c’est donc aussi pour nous qu’elle est l’Immaculée. En elle nous pouvons voir comme en synthèse le désir éternel de Dieu sur toutes les générations humaines. Ce désir c’est que nous soyons divinisés – non pas Dieu, mais divinisés –, c’est-à-dire habités pleinement par la vie intime de Dieu. Et, en cela, Marie est tout spécialement l’image de l’Eglise. Elle nous rappelle que l’Eglise est sainte, même si ses membres sont pécheurs. Marie, mère de l’Eglise, est proposée à notre contemplation pour qu’en la regardant et en la priant, nous tendions à la sainteté. Vers elle, nous pouvons et devons aller, qui que nous soyons, quel que soit le poids qui pèse sur nos épaules et sur notre cœur. Nous sommes sûrs d’être accueillis et compris. Avec Jésus, nous pouvons entrer dans l’humanité nouvelle dont Marie est l’image et le modèle. Avec Jésus, de l’humanité fille de la première Eve, nous pouvons devenir l’humanité fille de la Nouvelle Eve, humanité où l’on s’entraide à se laisser purifier du péché.

Plus l’homme est proche de Dieu et plus il est proche de l’homme. Nous contemplons cela en Marie. Le fait qu’elle soit totalement auprès de Dieu est la raison pour laquelle elle est également si proche de tous les hommes. Voilà pourquoi elle peut être la Mère de toute consolation, une Mère à laquelle devant chaque situation et chaque nécessité, tout un chacun peut s’adresser dans sa propre faiblesse et dans son propre péché, car elle comprend tout et elle est pour tous la manifestation et la force de la bonté créatrice. En tant que Mère compatissante, elle est la figure anticipée et le portrait permanent de son Fils. En elle, la bonté de Dieu s’est beaucoup approchée et s’approche beaucoup de nous, pauvres pécheurs.

En cette si belle fête de l’Immaculée, rendons grâce au Seigneur pour le grand signe de sa bonté qu’il nous a donné en Marie, sa Mère et notre Mère.

Vierge Marie, toi qui resplendis de la lumière du Christ, sois, sur notre route de l’Avent et la route de notre vie, une lumière qui nous aide à devenir nous-mêmes lumière et à porter cette lumière dans les nuits de l’histoire. Amen.

 

 

Navigation