2 octobre 2020 - Messe de rentrée de l’Enseignement catholique — Diocèse de Tulle

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2 octobre 2020 - Messe de rentrée de l’Enseignement catholique

Mémoire des Saints Anges Gardiens - Collégiale Saint-Martin de Brive

Beaucoup de nos contemporains et beaucoup de chrétiens ont davantage entendu parler des anges gardiens en regardant la série télévisée « Joséphine, ange gardien » ou le film « les anges gardiens » avec Gérard Depardieu, qu’en lisant le catéchisme de l’Eglise catholique ! C’est dire par conséquent que leur savoir et leur imaginaire au sujet des anges relève davantage de la fantaisie que de la doctrine catholique… Mais n’était-ce pas vrai déjà des peintres et des sculpteurs des siècles passés qui, eux aussi, laissaient libre cours à leur imagination en représentant ces créatures célestes ?

Quoi qu’il en soit des représentations, ce qui est certain c’est qu’elles n’existeraient pas si elles n’avaient trouvé leur source dans quelque réalité. L’Eglise elle-même n’a pas inventé les anges. Elle les reçoit de la Révélation biblique et de la Tradition. Dans les deux lectures d’aujourd’hui, celle de l’Ancien Testament et celle du Nouveau Testament, il est question des anges.

Si la liturgie nous fait célébrer une fête des Archanges Michel, Gabriel et Raphaël, et une mémoire des saints Anges gardiens, c’est parce que ces créatures célestes, invisibles, n’ont pas d’autre but que d’orienter nos vies vers celui qui est leur créateur et le nôtre, vers Dieu qu’ils servent en permanence et dont ils chantent sans fin les louanges.

Les anges, même si nous ne les voyons pas – pas plus que nous ne voyons Dieu – nous sont envoyés pour nous guider jusque dans la véritable Terre Promise, l’éternité divine, dont Dieu désire nous rendre participants. C’est la mission propre de ceux que nous appelons les « anges gardiens », mission à laquelle il est fait allusion dans le livre de l’Exode : « je vais envoyer un ange devant toi pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t’ai préparé ».

Pour atteindre cette Terre promise du Royaume de Dieu, il s’agit d’écouter notre ange gardien qui se fait l’écho en nos âmes de la Parole divine, de la Parole du Verbe divin, lui qui, en prenant chair de notre chair, a annoncé et accomplit le Salut. « Respecte sa présence, écoute sa voix », dit le livre de l’Exode.

On peut donc dire que l’ange gardien nous accompagne, tel un ami, sur la route de la terre vers le Ciel, c’est-à-dire vers Dieu. C’est en effet, chers amis, que notre vie est un chemin sur lequel nous devons être sans cesse soutenus, aidés, par des « compagnons », des « protecteurs », des « gardiens », pour être certains d’arriver à bon port.

Il y a, en effet, plusieurs dangers sur ce parcours de la vie.

Il y a le danger de ne pas cheminer. Le pape François rappelle sans cesse cette nécessité de cheminer (caminar). Ne pas cheminer, c’est faire du surplace. La vie est arrêtée, figée. Comme celle de cet homme, rappelez-vous, dont parle Jésus dans une parabole, auquel son Maître a confié un talent (une somme importante donc) et qui s’est dépêché d’aller l’enfouir, comme pour dire « au moins, je suis tranquille, je ne risque rien ». Mais, nous, nous savons bien que celui qui est figé, qui est arrêté, est comme l’eau dormante, stagnante, qui finit par se corrompre. Notre ange gardien nous pousse à cheminer, à aller de l’avant vers le Royaume.

Un autre danger est de se tromper de route. Au début, c’et facile de corriger la trajectoire, mais c’est plus difficile au fur et à mesure du voyage, car la dérive peut s’accentuer. On peut quitter le vrai chemin et se fourvoyer d’une côté ou de l’autre, et finir par errer comme dans un labyrinthe. L’ange est là pour aider à ne pas nous tromper de chemin. Mais, comme le dit le livre de l’Exode, il faut respecter sa présence et l’écouter, car ses injonctions viennent de l’Esprit-Saint.

Les anges, non seulement nous aident à bien cheminer, mais ils nous montrent où nous devons aller. En effet, comme le dit l’Evangile, les anges voient sans cesse la face de Dieu, le visage du Père. Non seulement, notre ange gardien est avec nous, mais en premier lieu, il voit Dieu le Père. Il est donc celui qui nous prend par la main pour la rencontre avec le Père. Les anges, en fin de compte, nous rappellent notre vocation, puisque, comme eux, nous sommes aussi destinés à la gloire de Dieu. ET c’est pourquoi, ils sont les messagers de la Parole de Dieu, les serviteurs de son dessein de salut pour les hommes. N’oublions pas que les anges ont servi Jésus-Christ lors de ses 40 jours au désert, au commencement de sa vie publique, et qu’ils l’ont assisté dans son agonie, la veille de sa mort, au jardin de Gethsémani, alors que ses apôtres dormaient.

Certes les anges n’ajoutent rien à ce que Dieu est, ils n’ajoutent rien à la révélation divine, mais ils en sont les messagers et les serviteurs ; ils nous manifestent la proximité, la tendresse, la délicatesse de Dieu. Et c’est pourquoi notre vénération pour les anges ne vise pas à nous arrêter à eux, mais à avancer avec eux vers Dieu. Ils ne se substituent pas au message qu’ils portent, mais ils disent dans leur être même ce que Dieu est pour nous.

La présence et la protection de nos anges gardiens est une invitation à la docilité envers Dieu. C’est le sens de l’Exhortation de Jésus à ses disciples : devenir comme des enfants pour entrer dans le Royaume de Dieu. Car les anges de ces enfants voient sans cesse la face de Dieu. Dans l’image de l’enfant, comme dans le mystère de l’ange, il y a la grâce de la docilité, de la confiance, de l’abandon à Dieu, pour être conduits à voir son visage.

Frères et soeurs, qui mieux que des éducateurs, - d’abord les premiers des éducateurs, les parents, et ensuite, les enseignants, les animateurs, les formateurs – peuvent comprendre et apprécier le mystère des anges gardiens ! En effet, n’êtes-vous pas, vous aussi, des sortes d’anges gardiens pour les enfants et les jeunes qui vous sont confiés ? Ils sont en droit d’attendre de vous que par votre témoignage et votre exemple d’adultes dans la vie et dans la foi, vous leur teniez la main pour avancer sur la route de la vie, pour ne pas faire du surplace et pour ne pas se tromper de route. C’est une mission exigeante que la vôtre, comme parents et comme directeurs et enseignants, mais ô combien enthousiasmante ! Elle est un appel incessant à vous laisser vous-mêmes guider par la Parole de Dieu, par ses commandements, par l’Esprit-Saint Paraclet, pour grandir et avancer dans la confiance et dans l’Espérance du Royaume. Seul celui qui reçoit peut à son tour être capable de donner, et seul celui qui donne avec amour peut recevoir infiniment plus qu’il ne donne.

Demandons la grâce de devenir nous-mêmes comme des enfants pour devenir accueillants et dociles à l’œuvre de Dieu en nous, afin de pouvoir ainsi mieux accompagner et guider ceux qui nous sont confiés, sur les chemin de la croissance humaine et spirituelle, en vue du Royaume. Amen.

 

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