13 septembre 2020 - Rassemblement Scouts et Guides d’Europe — Diocèse de Tulle

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13 septembre 2020 - Rassemblement Scouts et Guides d’Europe

24ème dimanche du temps ordinaire - Saint-Hilaire-Foissac - 50ème anniversaire du groupe de Brive

Chers amis, en écoutant les lectures d’aujourd’hui, qui invitent au pardon, on ne peut s’empêcher de penser au Bienheureux Jacques Lombardie qui fut détenu en captivité à Rochefort pendant près de 5 mois, dans des conditions absolument atroces, dans les cales d’un navire, avec ses 408 compagnons. On a défini leur comportement en deux mots : fidélité et pardon. Nous avons le témoignage de l’un de ses déportés qui écrivait à son frère : « Mon frère, je vais mourir et je serais coupable devant Dieu si je ne pardonnais pas à mes ennemis ». Jacques Lombardie, prêtre de chez nous et ses compagnons avaient pris l’Evangile au sérieux. Et eux, qui auraient eu toutes les bonnes raisons de haïr leurs bourreaux, sont parvenus à leur pardonner. Pourquoi ? Parce qu’ils ne voulaient pas renier leur foi et que leur foi leur commandait d’aimer jusqu’au bout, comme Jésus sur la croix qui disait : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Je vous rappelle brièvement l’histoire de Jacques Lombardie : la Révolution française avait voulu faire prêter le serment constitutionnel aux prêtres. Mais beaucoup refusèrent car ils voulaient rester fidèles à leur sacerdoce et rester fidèles au pape. On les appela les prêtres « réfractaires ». Ils continuaient leur ministère en se cachant. En 1794 survint ce qu’on appela l’épisode de la Terreur. Et là, 829 prêtres de différentes régions de France furent faits prisonniers et conduits dans les ports de Bordeaux et Rochefort pour être envoyés au bagne de Guyane. En fait, ils ne partirent jamais en Guyane, mais ils furent entassés dans des bateaux pendant plusieurs mois. Sur ces 829 prêtres prisonniers, 547 périrent tant les conditions étaient terribles. Ils moururent de faim, de maladie, des mauvais traitements qu’on leur infligeait. Sur ces 547 morts, 64 ont été béatifiés, par le saint Pape Jean-Paul II, en 1994. Pourquoi seulement 64 ? Parce qu’on avait pu recueillir des témoignages écrits sur eux seulement – témoignages rapportés par ceux qui avaient pu échapper à la mort. Et pour déclarer quelqu’un bienheureux et saint, il faut avoir des témoignages sûrs. L’abbé Jacques Lombardie fait partie de ces 64 prêtres sur lesquels un témoignage écrit a été trouvé, montrant qu’il avait eu un comportement de foi et de sainteté exemplaire. Il est mort en martyr. Qu’est-ce que cela veut dire mourir en martyr ? Cela veut dire trois choses :

- Il a été mis à mort volontairement. Les bourreaux avaient reçu l’ordre d’exterminer ces prêtres ;

- Les bourreaux ont agi en haine de la foi ;

- Jacques Lombardie a accepté consciemment et librement sa mort, en témoin de la foi.

 

Ces martyrs, certains jours avaient dû se demander si Dieu ne les avait pas abandonnés. Mais j’ajoute immédiatement que si cette question a traversé l’esprit de notre bienheureux, elle n’a jamais pris le dessus sur sa foi. Jusqu’au bout, il est resté fidèle, il n’a pas renié le Christ, il a gardé l’espérance, en croyant que Dieu était présent, même au cœur de sa grande souffrance, même au cœur de cet enfer des Pontons de Rochefort. Et c’est d’ailleurs pourquoi l’Eglise nous le donne en exemple en l’ayant déclaré bienheureux.

Le témoignage des martyrs nous ramène toujours au cœur de ce qu’est la foi chrétienne. Ce cœur, c’est l’amour infini de Dieu pour l’humanité. Et la preuve suprême de cet amour c’est que le Christ, le Fils de Dieu « est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs ». Comment Dieu pouvait-il mieux nous manifester qu’il nous aime par dessus tout, qu’il est toujours présent avec nous, qu’il nous sauve, qu’en acceptant, en son Fils, de mourir pour nous, de donner sa vie ? « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis », dira Jésus à ses disciples. La croix du Christ et la résurrection du Christ – le cœur de notre foi que nous célébrons à chaque messe – : voilà ce que nous rappelle sans cesse le témoignage de Jacques Lombardie, le témoignage de tous les martyrs de tous les siècles de l’Eglise, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. En donnant leur vie, comme le Christ, par fidélité à la foi au Christ, ils nous rappellent le cœur de notre foi.

Chacun peut dire : le Christ a versé son sang pour moi, il est mort pour moi et il est ressuscité pour moi, pour me sauver. C’est ce qu’on compris tous les martyrs depuis le commencement de l’Eglise jusqu’à aujourd’hui. Sinon, ils n’auraient pas pu donner leur vie, ils auraient renié la foi.

Tout le monde n’est cependant pas appelé au martyr, mais tout chrétien est appelé au témoignage, à être témoin de Jésus, mort et ressuscité. Tout chrétien est appelé à être disciple et missionnaire. C’est inséparable. Si je veux suivre Jésus, si je l’aime, alors je veux le faire connaître et aimer. Et pour cela, il y a quelqu’un qui me donne la force nécessaire : c’est l’Esprit-Saint. Sans lui, les martyrs auraient flanché ; sans lui, nous sommes incapables de témoigner de notre foi.

Pour vous, chers jeunes scouts, qu’est-ce que cela signifie de témoigner de votre foi en Jésus ? N’imaginez pas que cela signifie que vous devez accomplir des choses extraordinaires. Non, ce n’est pas cela. Témoigner du Christ, c’est d’abord essayer de mener une vie conforme à l’Evangile, aux commandements de Dieu qui se résument dans le commandement de l’Amour que Jésus nous a donné la veille de sa mort : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». L’Amour est le plus grand témoignage. Et c’est celui que tout le monde peut vivre, par les mille attitudes de la vie quotidienne, que chacun de vous peut vivre, dans la famille, à l’école, dans les loisirs, dans vos relations avec vos parents, vos frères et sœurs, vos camarades, les adultes que vous côtoyez. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaitront que vous êtes mes disciples », dit Jésus à ses Apôtres (Jean 13-35).

Etre témoin du Christ, cela demande aussi de ne pas avoir peur – et encore moins honte – de s’affirmer chrétien. Il ne s’agit pas de brandir un étendard ! Il s’agit d’oser être ce que l’on est, sans rougir de sa foi. C’est plus facile pour les adultes que pour vous, chers amis scouts et guides, qui êtes encore bien jeunes. Il ne faut pas vous étonner si on se moque de vous parce que vous dites que vous êtes chrétien. Les soldats se moquaient aussi de Jésus lorsqu’il était sur la croix. Le disciple n’est pas au-dessus du maître. Si notre manière de vivre n’interrogeait personne et ne nous valait aucune critique, c’est que nous aurions remplacé le sel de l’Evangile par du sucre ou bien que nous aurions déjà renié le Christ, sans même dire aucune parole contre lui.

Que l’intercession du bienheureux Jacques Lombardie nous donne la force et le courage de vivre la foi, l’espérance et la charité, les trois grandes vertus qui animent la vie du disciple de Jésus. Notre bienheureux les a vécu jusqu’au bout sans faiblir, comme le disent les témoignages de ceux qui étaient avec lui dans la captivité à Rochefort : « il en était venu au point de n’avoir absolument que la peau collée sur les os, et cependant, en cet état, vraiment digne de compassion, il souriait à tous ceux qui l’approchaient ». Puissions-nous toujours demeurer fidèles au Christ et à l’Eglise, fidèles à pardonner et à nous réconcilier. Amen.

 

+ Francis BESTION

 

 

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