12 septembre 2020 - Rentrée des AFC et Equipes Notre-Dame — Diocèse de Tulle

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12 septembre 2020 - Rentrée des AFC et Equipes Notre-Dame

Mémoire du saint Nom de Marie - Abbaye d’Aubazine

Frères et sœurs, la foi chrétienne nous révèle la raison pour laquelle la vie est essentiellement filiale : « Qu’il soit béni, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus le Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel dans le Christ. Il nous a choisis dans le Christ, avant que le monde fut créé ; il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs, par Jésus le Christ ». Humainement, déjà, notre vie est constitutivement une vie filiale, parce que, dès avant la création du monde, nous sommes voulus et créés par Dieu en vue d’être ses fils et ses filles dans le Christ, qui est le Fils.

Frères et sœurs, la Parole de Dieu, et tout particulièrement, aujourd’hui, l’épître aux Ephésiens et l’évangile de la Visitation nous révèle qu’il fait partie du mystère de la vie d’être toujours une vie reçue. L’expérience de chacun nous le dit : je ne me suis pas donné la vie. Mes parents ne se sont pas donnés la vie, ni leurs parents. Si haut que nous remontions dans le temps, nul ne s’est donné à lui-même la vie. Il est même faux de dire que mes parents m’ont donné la vie, comme si elle était un bien leur appartenant et qu’ils m’auraient donné. Humainement déjà, ils ont été les serviteurs d’une vie qui vient de plus loin qu’eux. L’admiration d’une femme qui sent la vie se développer en elle le manifeste. Le bouleversement de la mère et du père devant l’enfant qui vient de naître le montre. Cette vie qui vient d’apparaître à leurs yeux est quelque chose d’incompréhensible et de sacré, dont ils ont conscience de n’être pas la source.

Chacun d’entre nous est donné à soi-même. Je me reçois de quelqu’un d’autre. En retour, je suis invité à me donner, à m’abandonner à la vie et à sa source. Mon origine est un mystère que je n’approche, même humainement parlant, que par la foi au sens humain du mot. Le plus fondamental en moi, à savoir que j’ai reçu la vie de tel homme et de telle femme, je ne le rejoins que par cette attitude qui s’appelle la foi. Je n’en ai pas l’évidence. Personne ne se rappelle sa propre naissance.

La révélation chrétienne, du début à la fin, nous dit que la vie est l’œuvre de Dieu, que Dieu seul est maître de la vie, non seulement de la vie humaine, mais de toute vie, et même de tout ce qui est nécessaire à l’apparition, au maintien et au développement de la vie. Ainsi la vie vient de Dieu, est attendue de Dieu, est maintenue par Dieu.

Toujours donnée et reçue, la vie est sous le signe de la filiation. Notre constitution première et dernière d’hommes et de femmes est d’être fils et filles. Tous les hommes ne sont pas pères. Toutes les femmes ne sont pas mères. Mais tous et toutes, sans exception, nous sommes fils et filles du début à la fin de notre vie. Le premier mot dit par un enfant est : maman, papa. Le dernier mot dit par le mourant est souvent : maman.

L’importance pour les enfants de connaître leurs parents, leur mère bien sûr, mais aussi leur père, explique le refus de l’Eglise que soient utilisées des techniques qui, par définition, occultent la paternité. Le projet de loi bio-éthique en cours manifeste la volonté humaine de s’emparer du mystère de la vie, d’avoir la totale maîtrise de la vie et de son mystère, d’empêcher quelqu’un d’être fils de quelqu’un, de s’en prendre à la filiation, finalement de prendre la place du créateur. Un des risques aujourd’hui pour les enfants est de ne plus savoir d’où vient leur vie, ce qu’elle est et où elle va. Vouloir être l’origine de la vie, c’est faire de la vie le contraire de ce qu’elle est, une vie reçue. Et cela ne peut conduire qu’à la désespérance, à la révolte, à la violence destructrice.

La vie humaine de Jésus a été sous le mystère de la filiation comme tous les êtres humains. La première évocation qui nous est donnée du Fils de Dieu est celle d’un bébé dans le sein de sa mère, lorsque Marie rend visite à sa cousine Elisabeth. Et la première image du Fils de Dieu devenu homme est celle d’un nourrisson emmailloté et couché dans une mangeoire. Les récits évangéliques de l’enfance veulent nous révéler que Jésus a été vraiment fils d’une femme. Et il faut aussitôt ajouter : fils d’un père humain. Car, dans la filiation de Jésus, il ne faut pas oublier Joseph. Joseph n’a pas engendré Jésus, qui n’a qu’un seul Père, Dieu, et qui ne peut être engendré, même à sa vie humaine que par ce Père unique, grâce à l’action de l’Esprit Saint. Mais Dieu a demandé à Joseph d’être vraiment le père humain de Jésus. Et il l’a été en l’aimant, en l’éduquant, en lui apprenant à parler, à prier, à travailler, à devenir un homme.

Jésus a donc eu une vraie filiation humaine.

Jésus, parce qu’il est Fils de Dieu et qu’inséparablement, mais distinctement, il a eu une vraie filiation humaine, est seul capable de nous révéler en profondeur que notre origine n’est pas en nous-mêmes, mais qu’elle est en Dieu, et que nos parents, notre père et notre mère sur le plan humain, nous ont transmis cette vie qui s’origine en Dieu. A travers la paternité et la maternité humaines, c’est Dieu, le Père de Jésus et notre Père que nous atteignons et reconnaissons. Et cela nous permet de comprendre ce qu’est la foi en Dieu créateur.

Cette foi ne nous dit pas quand ni comment l’humanité a commencé, mais elle nous dit l’origine de la vie humaine, qui est dans le Père, qui nous veut comme des fils et des filles dans le Fils. Et c’est là que s’enracine en vérité notre liberté. L’esclave n’est pas libre, mais le fils est libre dans la maison de son Père, comme le dit Jésus. Contrairement à ce qu’on pense habituellement, notre naissance n’est pas une entrée dans la vie, mais elle est plus réellement l’entrée en nous de la vie qui nous précède dans nos parents et, à travers eux, en Dieu.

 

Frères et sœurs, en cette fête du Saint Nom de Marie, demandons par son intercession la grâce d’être toujours plus conscients de notre filiation en Dieu qui nous a aimés avant la création du monde. C’est un grand mystère que seule l’Eglise nous permet d’approcher. Toute la vie sacramentelle de l’Eglise, toute sa prière, toute son attitude rendent fils et filles ou renouvellent la filiation oubliée ou refusée. Elle est vraiment la mère qui enfante à la vie de fils et de filles de Dieu. Amen.

 

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