22 mars 2020 - Confinement sanitaire — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

22 mars 2020 - Confinement sanitaire

4ème dimanche de Carême- Année A - Chapelle de l’Evêché

Frères et sœurs,

Comme toujours la Parole de Dieu vient nous rejoindre, non pas de manière intemporelle, mais dans ce qui est notre condition de vie actuelle, dans notre quotidien. Elle nous rejoint tout particulièrement aujourd’hui dans l’épreuve que nous traversons. Elle est une lumière pour nous, un réconfort, un guide.

De dimanche en dimanche, l’Evangile éclaire notre chemin de Carême, bien particulier cette année. L’Evangile éclaire notre itinéraire de conversion, en nous donnant comme modèle Jésus lui-même : Jésus vainqueur du Tentateur (1er dim), Jésus transfiguré qui donne à voir sa gloire (2ème dim.), Jésus, Source d’Eau vive, qui nous donne son Esprit (3ème dim.), et, ce 4ème dimanche, Jésus, Lumière des hommes pour notre route vers Pâques.

Le récit de la guérison de l’aveugle-né nous renvoie à la première page de l’Evangile selon saint Jean, celle du Prologue, où il est dit que la Verbe fait chair est la vraie Lumière venant éclairer tout homme en ce monde, mais que le monde lui a préféré les ténèbres.

Grâce à Jésus, avec Lui, par Lui, nous savons qui est Dieu et qui nous sommes, nous savons d’où nous venons et où nous allons. Parce qu’il est la Lumière véritable, il peut ouvrir nos yeux et nos cœurs. L’aveugle de l’évangile, une fois guéri de sa cécité physique, est rendu capable d’accueillir la Lumière du Christ, il est capable de dire : « Je crois, Seigneur » et de se prosterner aux pieds de Jésus.

Dans cette page d’Evangile, un paradoxe est mis en évidence : ceux qui croient voir, qui croient savoir – en l’occurrence les pharisiens – se révèlent être des aveugles, et celui qui était aveugle est rendu capable de reconnaître le Messie de Dieu !

Ce paradoxe, notre monde et nous-mêmes y sommes confrontés. Nous-mêmes, que le baptême a illuminés, nous sommes sans cesse menacés de confondre la lumière et les ténèbres, de préférer les ténèbres à la lumière ; nous devons aussi affronter le combat contre le péché et les ténèbres que peuvent représenter les épreuves de toutes sortes auxquelles notre fragile condition humaine est soumise, et nous en faisons la cruelle expérience en ce moment avec l’épidémie qui nous frappe. La Lumière du Christ ne nous met pas à l’abri des difficultés et des épreuves de la vie. En revanche, elle nous permet à coup sûr de les affronter, d’y faire face courageusement, en éclairant notre chemin, en pouvant donner du sens même là où il semble n’y en avoir aucun. Il y a une lumière qui vient de l’intérieur, de la présence du Christ à nos vies. Elle ne donne pas forcément une solution à nos problèmes, mais elle éclaire chaque pas sur le chemin ; ce chemin que Jésus a emprunté pour monter à Jérusalem et y vivre sa Pâques. C’est le chemin de la Croix, mais aussi le gage de la résurrection qui, désormais, illumine toutes les croix des disciples du Christ, qui illumine la croix que nous portons aujourd’hui.

Jésus n’explique pas pourquoi l’aveugle de naissance est aveugle ; il réfute même les théories de ceux qui voudraient trop facilement trouver une origine à ce mal. Jésus n’explique pas le mal et la souffrance mais il les prend sur Lui. L’Eglise n’explique pas davantage la souffrance et le mal. Mais elle veut faire en sorte que l’action de Dieu se manifeste à travers notre lutte contre le mal, le péché, la souffrance, la mort. Chaque fois, comme en ce moment, où nous cherchons à nous faire proches des malades, des isolés, des délaissés, même si nous ne pouvons pas toujours les visiter, nous luttons contre le mal, nous faisons reculer les ténèbres, nous laissons passer la Lumière du Christ dans notre vie et dans celle de nos frères et sœurs. Nous permettons au Christ, encore aujourd’hui, de réaliser son œuvre de salut, de faire briller sa lumière dans la nuit du monde.

Dans notre situation présente, redoublons d’attention pour les autres. En premier lieu en priant pour tous ceux qui souffrent, pour les malades, pour tous les soignants, tous ceux qui continuent de travailler pour le service des autres. Redoublons d’attention en prenant des nouvelles de telle ou telle personne par téléphone, en veillant que ceux qui, près de nous, sont seuls, ne manquent pas du nécessaire pour vivre. La plus grande précaution sanitaire – indispensable – ne doit pas éteindre la charité.

 

Que l’Esprit-Saint nous donne force et courage dans notre chemin de croix. Prions Dieu, par l’intercession de la Vierge Marie, pour qu’il éloigne de nous le fléau qui s’est abattu sur nous. Amen.

 

+ Francis BESTION

 

Navigation