7 octobre 2020 - Récollection de l’Enseignement Catholique — Diocèse de Tulle

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7 octobre 2020 - Récollection de l’Enseignement Catholique

Mémoire de Notre-Dame du Rosaire

Frères et sœurs, nous savons que la date du 7 octobre rattache la mémoire de N.D. du Rosaire à la victoire remportée par les chrétiens sur les turcs, à Lépante, en 1571. Toutefois, aujourd’hui, l’Eglise ne nous invite pas tant à nous souvenir d’un événement lointain de l’histoire qu’à contempler la place de Marie dans le mystère du salut et à saluer la sainte Mère de Dieu, en redisant sans cesse : Ave Maria, Je vous salut Marie.

L’évangile de ce jour nous invite à méditer sur le consentement de la Vierge Marie à Dieu, lors de l’Annonciation, sur l’offrande d’elle-même, pour que s’accomplisse la volonté de Dieu de sauver l’humanité. Ce que dit le Concile Vatican II, au sujet de Marie – qu’elle « se livra elle-même intégralement comme la servante du Seigneur à la personne et à l’œuvre de son fils, pour servir dans sa dépendance et avec lui, par la grâce du Dieu tout-puissant, au mystère de la Rédemption » - cela commence et s’accomplit déjà lors de son « oui », de son « fiat », lors de l’Annonciation.

La prière du Rosaire, du chapelet comme on dit communément, est d’abord la prière des humbles, des gens simples, des petits, parce que pour se faire entendre de Marie, lorsqu’on dit le Je vous salue, il n’est pas besoin d’avoir fait de longues études de théologie. Et pourtant, cette prière toute simple, faite d’une salutation (« je vous salue, Marie ») et d’une invocation (« priez pour nous, pauvres pécheurs »), répétée au fil des dizaines, en méditant les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux de la vie du Christ, cette prière est comme une respiration – inspiration et expiration – qui nous évangélise, car les mystères du Rosaire sont « le résumé de tout l’Evangile », comme aimait à le dire saint Paul VI et, après lui, saint Jean-Paul II. Prier le rosaire, c’est en quelque sorte vivre avec Marie, faire d’elle comme un « milieu vital », où nous respirons un air imprégné du Christ et des mystères de notre salut.

En Marie, l’Eglise reconnaît ce qu’elle est vraiment et ce qu’elle doit être. En Marie, nous reconnaissons ce que nous sommes et ce que nous devons être. On pourrait presque dire que Marie apprend à l’Eglise à être vraiment chrétienne. Marie nous apprend à être chrétiens, c’est-à-dire à être au Christ, à être par le Christ, à être pour le Christ.

Vivre en la compagnie de Marie, en récitant le chapelet par exemple, nous décentre de nous-mêmes pour nous centrer toujours plus, dans notre vie, notre prière, notre apostolat, notre mission, sur le Père qui a l’initiative de l’Incarnation du Fils, sur le Fils qui consent à cette initiative, et sur l’Esprit Saint par qui se réalise ce dessein d’amour divin. Vivre avec Marie, c’est être comme elle des pèlerins de la foi – elle dont la vie a été un pèlerinage, parfois héroïque, de la foi. Vivre avec Marie, c’est partager l’amour de Dieu pour l’humanité, pour nos frères et sœurs les plus petits et les plus pauvres, dont elle parle dans son Magnificat, sans oublier les puissants et les riches pour qu’ils découvrent l’humilité et la pauvreté. Vivre avec Marie, c’est tendre, dans la vie ordinaire et les tâches quotidiennes, à la sainteté dont elle est, de par Dieu, le témoin le plus lumineux. Et, finalement, vivre avec Marie, c’est garder ferme l’espérance de la vie éternelle dont elle est l’icône la plus transparente ; c’est apprendre la valeur éternelle de toute vie, celle de l’enfant dans le sein de sa mère, celle du vieillard en fin de vie, celle de notre propre vie, de la vie de chaque jour, cette vie qui a été aussi la sienne.

Dans la contemplation des mystères douloureux du rosaire, nous accueillons Marie comme notre Mère, puisque c’est là, au pied de la Croix, Mater dolorosa, qu’elle reçoit sa vocation nouvelle qui fait d’elle la mère spirituelle de tous les disciples-missionnaires du Christ, représentés par le « disciple bien-aimé » présent avec elle au calvaire. « Femme, voici ton fils ; fils, voici ta mère ».

Cette vocation de mère spirituelle, de visage de l’Eglise, de mère de l’Eglise (dernier titre que lui a donné saint Paul VI), elle a commencé à la vivre au pied de la croix de son Fils et, ensuite, à la Pentecôte, au moment où l’Eglise naissait. Au Cénacle, en prière avec les Apôtres (sans être Apôtre, sans être évêque, sans être prêtre), elle est la plus importante, comme aime à le dire le pape François.

Aujourd’hui, Marie est présente à l’Eglise de son Fils, comme elle l’était à la petite communauté de la Pentecôte. Elle est le visage de l’Eglise-mère. Et, étant présente avec nous, en priant avec nous, en témoignant de son Fils au milieu de nous, elle est au cœur de l’Eglise en marche et elle nous apprend à être une Eglise en marche, dans la foi, l’espérance et l’amour. Elle est l’image de l’Eglise qui veut se faire proche des hommes en les aimant tous, qui, en priorité, veut servir ceux qui peinent et qui souffrent ; l’Eglise qui cherche à construire la communion, la paix, la fraternité.

Le pape François vient de donner à l’Eglise une nouvelle encyclique dont le thème est la fraternité, Fratelli tutti, TOUS FRÈRES. Un des axes de nos Orientations pastorales diocésaines est aussi la fraternité. C’est important que dans nos Ecoles, nous cherchions à développer chez les jeunes le sens de la fraternité.

Dans quelques jours le Senat reprendra la discussion sur le projet de Loi bioéthique approuvé cet été par l’Assemblée nationale en 1ère lecture. Les évêques de France ont fait part depuis longtemps de leur grande inquiétude devant les dispositions de ce texte. Depuis quelques semaines, la pression monte à l’Assemblée nationale pour que soient allongés encore les délais de l’avortement. Sous couvert des droits des femmes et d’égalité, on réduit la filiation à un simple acte de la volonté de ceux ou de celles qui prétendent devenir parents. Un enfant n’est plus accueilli, il est désiré, produit et choisi. Mais, une société peut-elle être fraternelle lorsqu’elle n’a rien de mieux à proposer aux mères en détresse que l’élimination de l’enfant qu’elles portent ? Une société peut-elle être fraternelle lorsqu’elle organise la naissance d’enfants qui n’auront pas de père, tout au plus un géniteur ? Une société peut-elle ^être fraternelle lorsqu’elle renonce à reconnaître les rôles de la mère et du père ? Le Conseil permanent de la Conférence des Evêques invite tous les catholiques à s’informer sur ces sujets et à faire connaître leurs réticences et leur opposition aux dispositions de ce projet de loi.

Notre Dame du Rosaire, nous avons besoin que vous priiez pour nous « maintenant et à l’heure de notre mort ». Priez pour que nous découvrions la présence et la miséricorde du Père, pour que nous sachions écouter et vivre l’Evangile, pour que nous ayons la foi, l’espérance et la charité, pour que l’Eglise dont vous êtes l’image et la mère garde l’assurance d’être choisie de Dieu pour dire au monde l’Evangile de la Vie, l’Evangile de la fraternité, l’Evangile du Salut. Amen.

 

 

+ Francis BESTION

Evêque de Tulle

 

 

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