5 janvier 2021 - Mardi après l’Epiphanie — Diocèse de Tulle

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5 janvier 2021 - Mardi après l’Epiphanie

Abbaye Saint Joseph de Clairval – Flavigny

Chers frères, la célébration de l’Epiphanie du Seigneur, dimanche dernier, nous a révélé la manifestation du mystère du Verbe incarné aux nations. L’antienne du Benedictus, à l’Office de Laudes de cette solennité, nous a pour ainsi dire transportés hors de la grotte de Bethléem. Avec l’adoration des Mages, nous avons évoqué déjà le Baptême du Seigneur et les Noces de Cana. Il n’est donc pas incongru, quoiqu’en étant encore dans le temps de Noël, que la liturgie de ce jour, après l’Epiphanie, nous fasse lire, dans l’évangile selon saint Marc, le récit de la multiplication des pains, au début du ministère public de Jésus. C’est encore d’une certaine manière une manifestation du Christ, et elle annonce la grande manifestation, celle du mystère pascal, où le Christ s’offre en victime sur le bois de la croix, offrande de son Corps et de son Sang, anticipée le jeudi saint lors de la Cène : « prenez et mangez, ceci est mon Corps ; prenez et buvez, ceci est la coupe de mon sang ».

Jésus est né à Bethléem, et nous savons que ce nom signifie « maison du pain ». Aujourd’hui, nous le voyons donner du pain aux foules, avant de le voir se donner lui-même en nourriture pour la multitude : « ceci est mon corps ». Les mystères de l’Incarnation et de la Rédemption ne sont pas essentiellement une succession d’évènements, mais le même mystère que saint Jean dans sa première lettre condense dans un seul mot : l’amour. « Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés ». C’est bien ce que la liturgie nous a donné à voir, dès le lendemain de Noël, avec la fête du premier martyr, Etienne, et ensuite la fête des saints Innocents. Au lendemain de Noël, la croix est venue se planter près de la crèche.

Le miracle de la multiplication des pains pour nourrir la foule affamée a sa source dans le mystère de l’amour qui se manifeste dans tous les actes du ministère public de Jésus et qui le conduit jusqu’à l’acte suprême du don de sa vie sur la croix. Ce mystère de l’amour est ici clairement indiqué par ces mots : « il fut saisi de compassion envers eux ». Jésus est saisi de pitié jusqu’au entrailles.

Chers frères, c’est ce même amour miséricordieux, manifesté de la crèche à la croix, qui aujourd’hui encore accomplit son œuvre de rédemption dans le mystère eucharistique que nous célébrons : le mystère pascal du Christ y est actualisé pour nous. De Bethléem à l’Eglise, c’est encore et toujours la maison du Pain ; de la croix du Golgotha à l’autel de l’eucharistie, c’est le même sacrifice pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Amen.

Mgr Francis Bestion