18 janvier 2021 - Prière pour l’unité des chrétiens — Diocèse de Tulle

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18 janvier 2021 - Prière pour l’unité des chrétiens

Collégiale Saint-Martin de Brive

     « Demeurez dans mon amour ».

         Cette parole, Jésus la prononce après la Cène, la veille de sa Passion, pendant un long entretien avec ses disciples. C’est en quelque sorte son testament, dans lequel il n’est question que d’amour.

         L’évangéliste saint Jean a recueilli les paroles de Jésus. Elles font écho à la première rencontre où, avec André, ils devinrent les disciples de ce nouveau Maître que leur désigna Jean-Baptiste et en qui ils reconnurent le Christ de Dieu. Nous avons entendu le récit de cette rencontre hier, à la messe dominicale.

         « Où demeures-tu ? », avaient demandé les premiers disciples à Jésus. Et Jésus leur avait répondu : « venez et vous verrez ». Ils allèrent, ils vinrent auprès de Jésus, et ils virent. Et ils demeurèrent auprès de Lui, ce jour-là. Le souvenir de l’heure précise est resté gravé dans la mémoire de l’évangéliste : la dixième heure, quatre heure de l’après-midi.

         Ce commencement du « demeurer-avec », c’était aussi le commencement de l’aventure apostolique, mais surtout le commencement d’une expérience ineffable, sans comparaison possible avec quoi que ce soit d’autre, l’expérience du lien d’amour qui, du Père à son Fils, se transmettait aux disciples, l’expérience de cette sève qui de la Vigne allait irriguer les jeunes sarments pour leur permettre de porter du fruit, qui du Cœur de l’Amour trinitaire allait se répandre à partir du côté transpercé du Christ à son Corps mystique, à l’Eglise.

         Au jour de la première rencontre, le disciple Jean découvrait la véritable demeure de Jésus, celle qu’il révélait aux siens au moment de leur retirer sa présence corporelle, quand il disait : « demeurez en moi, demeurez dans mon amour ». Jean est entré dans le cœur de Jésus ; il y a pris cette place à part qu’il a ajouté à son nom pour le compléter et qui est presque devenu un nom propre : « le disciple bien-aimé ». C’est là qu’il était quand le Maître invitait tout le groupe à demeurer dans son amour (in dilectione mea). Il reposait la tête sur son cœur, il reposait tout son être dans son amour. Oui, il était là depuis ce premier jour, ce premier soir, où il avait demandé au Seigneur encore inconnu : « Où demeures-tu ? ».

         Chers amis, c’est cette expérience du demeurer-dans-l’amour – cœur du Testament, substance du legs du Seigneur – qui constitue la plus intime communion de Vie, celle qui est capable de réaliser l’unité de notre propre personne, l’unité ecclésiale des disciples bien-aimés, l’unité du genre humain et du cosmos tout entier.

         C’est dans l’Amour que tout s’unifie et que se réalise la mystérieuse réciprocité en tous sens : entre le Christ et nous, entre pratiquer les commandements et aimer, entre nous et le Christ comme entre le Fils et le Père, ou bien entre le Père et le Fils, comme de Lui à nous.

         L’amour fraternel entre chrétiens ne peut pas être d’abord le fait d’un œcuménisme de la pensée, du sentiment, de la volonté de travailler à l’unité. La parabole de la Vigne et des sarments nous enseigne que l’amour fraternel entre chrétiens est le fruit de l’Amour trinitaire communiqué aux disciples, cet Amour trinitaire qui est en Jésus. C’est dans l’exercice de l’Agapè que l’homme connaît Dieu et participe à sa Vie, que Dieu et l’homme deviennent Un, que les disciples deviennent Un en Christ.

         Du « venez et vous verrez » au « allez et portez du fruit », il y a cette permanence du « demeurez dans mon amour » ; ce « demeurer » qui prend valeur d’ETRE et d’un être ‘éternisable’, puisque le fruit demeure pour la vie éternelle. Et comment pourrait-il ne pas en être ainsi puisque l’Amour dont il s’agit est la Vie même de Dieu, la vie éternelle de Dieu !

         Dans ce discours d’adieu du Christ, la veille de son sacrifice sur la Croix, dans ce discours où figure cette parabole de la Vigne et des sarments, se dévoile pour ainsi dire la « logique » la plus profonde du mystère salvifique inclus dans le dessein éternel de Dieu, comme une extension de la communion ineffable du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C’est elle qui est la source de la joie du Christ, aussi paradoxal que soit ce sentiment au moment où il va souffrir sa Passion et mourir sur la croix. Et cette joie, il veut qu’elle devienne celle de ses disciples : « je vous dis ces choses, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». C’est la joie qui naît de l’Amour. La source de la joie c’est la communion d’amour trinitaire qui, par le Fils, se transmet à ses amis, telle la sève qui va du Cep aux sarments.

         Frères et sœurs, la prière pour demander l’unité entre ceux qui professent la même foi au Dieu Un et Trine, au Dieu d’amour qui est venu demeurer en nous et qui veut que nous demeurions en Lui, cette prière est capable de porter des fruits, parce qu’elle s’enracine dans la prière du Fils à son Père, une prière de communion : « Père, qu’ils soient UN comme toi et moi nous sommes UN ».

         Chers amis, puissions-nous en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, laisser grandir en nos âmes, en nos cœurs, cette présence de Celui qui est venu établir en nous sa demeure pour être sûr que nous demeurions dans son amour. Et puisse ce demeurer-avec porter des fruits, comme il nous l’a promis, et dont le premier est la fraternité. Il n’y a pas d’unité possible sans cette fraternité qui a sa source dans la communion trinitaire, communion d’amour, et dans le ‘demeurer-dans-l’amour’ du Cœur de Jésus.

Mgr Francis Bestion