8 février 2021 - 5ème dimanche du Temps ordinaire - Année B — Diocèse de Tulle

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8 février 2021 - 5ème dimanche du Temps ordinaire - Année B

Messe à Ussel

         "Toute la ville était là", nous dit l'Evangile d'aujourd'hui. Cette foule qui se presse autour de la maison de Simon et André est une figure de l'humanité accablée par la misère – cette misère évoquée dans le livre de Job que nous avons entendu en 1ère lecture. Dans cette foule, image de l'humanité, nous retrouvons tous les hommes et les femmes qui, aujourd'hui encore, sont écrasés par la vie, qu'ils soient blessés dans leur corps, malades, infirmes ou handicapés, qu'ils soient blessés dans leur cœur, victimes de ruptures affectives et de trahison de leur amour, ou bien encore qu'ils soient affaiblis dans leur esprit et dans leur âme, lorsqu'ils perdent courage, qu'ils renoncent ou n'ont plus la force suffisante pour assumer la condition humaine. Nous retrouvons tous ceux qui aujourd’hui sont affectés par l’épidémie du Covid et par ses conséquences sur les plans familial, économique, social, culturel et religieux.

         Cette foule de Capharnaüm, elle peut évoquer aussi ces visages inconnus que nous croisons tous les jours, et aussi nos propres existences, lorsqu'il nous arrive, au commencement d'une journée, d'être inquiets par tout ce que nous avons à faire, par tout ce qui peut arriver, lorsque nous sommes rendus anxieux pour l'avenir. Oui, nous formons nous aussi cette foule accablée présente tout au long de l'évangile, ces "brebis sans berger" sur lesquelles Jésus porte un regard de pitié parce qu'il ne peut pas envisager de les laisser dans cet état. Et voilà pourquoi il poursuit inlassablement son œuvre de prédication, de guérison, de délivrance.

         La suite de l'évangile de ce jour, nous indique deux éléments importants dans le comportement de Jésus, et on va les retrouver tout au long de son ministère.

         Alors que la foule le presse de toute part, il se retire : "le lendemain, bien avant l'aube, il sortit dans un endroit désert et là il priait". Le Verbe éternel du Père, le Fils du Père est venu dans le monde, il a voulu épouser la condition des hommes, il s'est plongé dans l'histoire humaine, comme l'un de notre humanité, il a voulu se rendre accessible à tous. Mais, en même temps, les évangiles nous le montrent souvent et même constamment se mettre à l'écart pour prier, seul ou avec ses disciples qu'il entraîne à distance pour leur faire comprendre certaines choses que tout le monde ne peut pas encore recevoir. L'évangéliste saint Marc met particulièrement en évidence cette sorte de tension entre la présence du Christ au milieu des hommes, au cœur de la vie des hommes et des femmes et cette distance qu'il prend pour demeurer au cœur de sa mission qui est la communion avec le Père, dans l'Esprit. L'évangile de ce jour nous montre qu'il ne s'agit pas simplement de prendre un peu de repos, de trouver un peu de calme pour prier, mais aussi de ne pas se laisser enfermer ou emprisonner par tel ou tel groupe.

         Aux disciples qui lui disent que "tout le monde" le cherche, Jésus répond : "partons ailleurs dans les villages afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle". Jésus ne se laisse pas posséder par la communauté dans laquelle il était immergé, mais il poursuit sa mission en allant plus loin.

         Dans la Synagogue de Capharnaüm, il avait livré le cœur de son ministère : annoncer la Bonne Nouvelle de l'Evangile et guérir. Mais cette mission ne peut se réduire à celle d'un guérisseur ou a une fonction de service qui ne serait pas animée par l'annonce de l'Evangile.

         Il va quitter Capharnaüm pour prier dans un endroit désert et, de là,  repartir pour annoncer l'Evangile aux autres villages. Il accomplit son ministère d'annonce et de libération non pas simplement dans la petite ville de Capharnaüm ni seulement pour le village de Nazareth qu'il a quitté, mais dans toute la Galilée, puis à Jérusalem et en Judée.

         Le Christ est envoyé pour l'humanité entière. Il ne se laisser pas enfermer par un groupe particulier, ni même par la communauté des disciples. Il les entraîne avec lui et les fait sortir des lieux qui sont les leurs, de leurs préoccupations et de leurs habitudes. C'est aussi, ce que nous demande le Pape François dans son Exhortation "la Joie de l'Evangile".

         Comme baptisés, comme disciples du Christ, personnellement et communautairement, nous sommes appelés aussi à être des missionnaires de la Bonne Nouvelle. Nous ne sommes plus dans une société chrétienne où la foi se transmettait dans les familles de génération en génération. Voilà pourquoi, la mission est chez nous aujourd’hui ; elle est dans les pays de la vieille Europe, elle est en France, elle est en Corrèze, elle est ici à Ussel. Le pape François parle, à ce sujet, de « dynamique de l’exode et du don, du fait de sortir de soi, de marcher et de semer toujours de nouveau, toujours plus loin ». Il affirme que « l’intimité de l’Eglise avec Jésus est une intimité itinérante ». En fidélité au modèle du maître, c’est-à-dire à Jésus, « il est vital, dit encore le pape, qu’aujourd’hui l’Eglise sorte pour annoncer l’Evangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans hésitation, sans répulsion et sans peur ». Cette Eglise en sortie, ce n’est pas quelque chose d’abstrait, c’est chaque baptisé, c’est chaque communauté paroissiale, chaque groupe ou mouvement chrétien. Chaque baptisé, chaque communauté paroissiale est appelé à faire siennes les paroles de l’Apôtre saint Paul que nous avons entendues dans la 2ème lecture de cette messe : « Annoncer l’Evangile, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ». Autrement dit, c’est quelque chose de vital.

         Frères et sœurs, pour que cette nécessité d’annoncer l’Evangile ne soit pas de l’ordre du slogan, il faut qu’elle s’inscrive dans des actes concrets de notre vie personnelle et de la vie des communautés. Elle est avant tout de l’ordre du témoignage que nous donnons de notre foi, de notre espérance et de notre charité. Il y a bien sûr l’annonce directe, explicite, qui passe par la parole, et aussi, plus habituellement, l’annonce par notre manière de vivre comme disciples du Christ, en famille, au travail, dans les relations quotidiennes qui sont les nôtres. Et, en cela, on voit bien que l’annonce de l’Evangile n’est pas réservée à des spécialistes, mais qu’elle peut être le fait de tout baptisé. Je pense, par exemple, au témoignage que les grands parents peuvent donner à leurs petits-enfants. Dans les lettres que m’écrivent les confirmands, il est souvent question de leur grand-père, de leur grand-mère. Le pape François évoque souvent le rôle qu’a joué sa grand-mère, une femme toute simple, dans son chemin de foi et dans sa vocation. Il n’y a pas d’âge pour annoncer l’Evangile, il n’y a pas d’âge pour être témoin du Christ.

         Frères et sœurs, comme Jésus, avec lui, ressourçons-nous toujours dans la prière, pour trouver la force et le courage d’annoncer son Evangile de Salut. Amen.

 

Mgr Francis Bestion