19 mars 2021 - Solennité de Saint-Joseph — Diocèse de Tulle

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19 mars 2021 - Solennité de Saint-Joseph

Chapelle de la Maison Saint-Joseph de Brive

« Espérant contre toute espérance, il a cru ».

Frères et sœurs, cette parole de saint Paul pour parler de la foi d’Abraham pourrait être une sorte de définition de la foi. Elle fait penser à une autre expression, dans la lettre aux hébreux, au chap. XI : « la foi est une façon de posséder ce que l’on espère » et que l’auteur applique ensuite à Abraham. Aujourd’hui, ce qui était dit au sujet de la foi d’Abraham, la liturgie l’applique à saint Joseph.

En effet, le message qui lui est transmis par l’ange du Seigneur est bouleversant et il réclamait vraiment une foi exceptionnellement courageuse, en même temps qu’une espérance à toute épreuve. Nous pouvons sans peine imaginer la lutte intérieure que Joseph dut mener avec ce message inouï du songe : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : car, ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint ».

L’expression « ne crains pas » n’est pas une figure de style. La mission qui est confiée à Joseph pouvant assurément susciter la crainte. C’est cette même expression que l’ange de l’Annonciation avait utilisée dans son message à la jeune vierge de Nazareth – « ne crains pas ». Cette même exhortation du messager divin place Joseph, l’époux de Marie, dans une participation, (certes différente de celle de la Vierge, mais bien réelle), au mystère de l’Incarnation de Dieu et donc aussi aux mystères du salut. N’est-ce pas d’ailleurs ce qui était signifié par les mots de la prière d’ouverture de cette messe : « Dieu tout-puissant, tu as confié à saint Joseph la garde des mystères du salut » ? En veillant sur la sainte Famille de Nazareth, Joseph est devenu le gardien des mystères du salut ! L’ « homme juste » a « veillé comme un père » sur Jésus, sur le Sauveur du monde, conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie.

En regardant la figure d’Abraham, en regardant Joseph saisi de crainte devant le message de l’ange, je pensais aussi aux apôtres, lorsqu’ils durent affronter une terrible tempête sur la mer de Galilée et qu’ils furent effrayés. Jésus leur dit alors cette parole : « hommes de peu de foi, pourquoi avez-vous eu peur ? ». Et dès lors, on comprend que la foi est l’opposé de la peur, qu’elle en est même l’antidote, parce qu’elle est inséparable de l’espérance, de l’espérance du salut. Par la foi, « espérant contre toute espérance », Abraham obéit à Dieu et quitta son pays. Par la foi, espérant lui-même dans les promesses de Dieu, Joseph mit sa foi dans le Seigneur et accepta de recevoir « la garde des mystères du salut ».

Si l’Eglise a vu en Joseph son protecteur, c’est parce qu’elle se comprend elle-même comme, en quelque sorte, le prolongement de l’incarnation du Christ en ce monde. Et, dès lors, comment celui qui a veillé sur Jésus ne veillerait-il pas encore sur l’Eglise qui est le Corps du Christ ? Celui qui se consacra tout entier au service du Fils de Dieu fait chair, celui-là continue son service dans l’Eglise, Corps du Christ. Et, de même que Marie, mère de Jésus, est aussi mère de l’Eglise, Joseph, gardien de Jésus, est le protecteur de l’Eglise.

Il ne faut pas s’étonner que le pape François ait voulu consacrer une année à saint Joseph, en ces temps où l’Eglise, de bien des manières, est secouée et doit affronter bien des tempêtes. Elle, dont la mission est de faire entrer tous les hommes dans la plénitude des mystères du salut, a plus que jamais besoin d’être soutenue par la prière de saint Joseph. Et, nous mêmes qui, comme prêtres, sommes d’une manière spéciale associés aux mystères du salut par notre consécration sacerdotale, nous pouvons compter sur la prière de saint Joseph. Nous pouvons accueillir pour nous-mêmes les paroles de l’ange : « ne crains pas ! », afin de croire et d’espérer, en devenant ainsi, à notre tour, les héritiers de la Promesse, grâce à Jésus-Christ notre Sauveur. A lui soit la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Mgr Francis Bestion