21 février 2021 - 1er dimanche de Carême — Diocèse de Tulle

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21 février 2021 - 1er dimanche de Carême

Année B - Appel décisif des catéchumènes - Cathédrale de Tulle

Frères et sœurs, nous sommes entrés, mercredi dernier, avec le signe des cendres sur nos têtes, dans le temps du Carême, comme itinéraire de préparation à la célébration de la Passion, de la mort et de la résurrection du Christ, sa Pâques. Et ce temps de 40 jours constitue l’ultime étape de préparation pour les catéchumènes adultes qui recevront, lors de la Vigile pascale, les sacrements de l’initiation chrétienne, le baptême, la confirmation et l’eucharistie.  Ils sont là, aujourd’hui, avec nous, pour l’appel décisif par l’évêque.

         Ce chemin de carême, nous sommes invités à le parcourir avec eux, comme aînés dans la foi, qui doivent donc les soutenir par la prière et l’exemple, et les encourager. Et nous parcourons nous-mêmes, cet itinéraire, comme baptisés de longue date, qui avons besoin de revivifier en nos vies la grâce baptismale. Chaque année, la présence de catéchumènes dans différentes communautés locales du diocèse, est un signe fort que l’Esprit Saint continue, depuis les premiers temps de l’Eglise, son œuvre d’évangélisation dans les cœurs de ceux qui ne connaissent pas encore le Christ et dans les cœurs de ceux qui comme nous, déjà baptisés, avons besoin, encore et toujours, de nous laisser convertir pour lui être davantage fidèles.

         Le passage de la mort à la vie, de l’esclavage à la libération, des ténèbres à la lumière, nous en faisons mémoire chaque année, lors de la Vigile pascale, par le rappel du passage de la Mer Rouge où Dieu conduisit son Peuple, à main forte et bras étendus. Et cela constitue le mémorial de la Pâque juive. Pour nous, ce passage de la mort à la vie, de la servitude à la liberté est le cœur même de l’acte baptismal. Et, en ce premier dimanche de carême, il est évoqué dans la liturgie par la référence au déluge, au temps de Noé, et par les tentations du Christ au désert, au commencement de sa vie publique.

         Dans l’événement terrible du déluge – quel que soit son rapport à une réalité historique et à sa façon de l’interpréter – nous lisons, à la suite de Saint Pierre dans sa première lettre et à la suite des Pères de l’Eglise, une préfiguration des eaux du baptême. Et, dans le sauvetage opéré grâce à l’Arche de Noé, nous voyons la figure de l’Eglise où prennent place ceux qui sont sauvés du péché, du mal et de la mort. Pour nous, le baptême est ce passage dans lequel on traverse les eaux de la mort pour entrer dans la vraie vie que nous procure le Salut en Jésus-Christ. En cela, Noé préfigurait le Christ, Sauveur du monde, et l’Arche préfigurait l’Eglise, signe et instrument du Salut.

         Le baptême chrétien ne consiste pas essentiellement en une purification extérieure, telle qu’elle peut être comprise par la pratique d’un bain lustral dans des rites païens ou des rites d’autres religions. L’enjeu du baptême est vraiment un enjeu de mort et de vie. Etre plongé dans l’eau, c’est entrer dans la mort avec le Christ ; en sortir, c’est se relever de l’eau, comme le Christ relevé du tombeau, pour entrer avec Lui dans la Vie de Ressuscité qui ne finit pas. C’est ce que dit saint Pierre dans le passage de sa première lettre que nous avons écouté : « le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la Résurrection de Jésus-Christ ». Etre baptisé dans la mort et la résurrection de Jésus, c’est vraiment entrer dans une nouvelle manière d’être et de vivre qui saisit la totalité de l’être, la totalité de la personne qui reçoit ce sacrement.

         Après la figure du déluge et celle de l’Arche de Noé, il y a le récit des tentations de Jésus au désert que nous avons écouté dans l’évangile selon saint Marc. Jésus a reçu le baptême de Jean dans le Jourdain, baptême de purification, de pénitence, pour les pécheurs, alors que Lui, Jésus, est sans péché, qu’il est le Saint de Dieu. Mais, il a voulu se mêler à la foule des pécheurs, comme plus tard, il ira s’asseoir à leur table, avant de s’offrir en sacrifice sur le bois de la croix pour la rémission des péchés. Et, là, au moment où il est dans les eaux du Jourdain, l’Esprit-Saint descend sur lui sous la forme d’une colombe et la voix du Père se fait entendre : « celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». C’est ce même Esprit, nous dit saint Marc, qui le conduit au désert pour y être tenté par le diable.

         A partir de l’expérience de Jésus, nous devons comprendre que l’existence chrétienne, surgie du baptême, passe, dans l’Esprit que nous avons reçu, par l’épreuve de la confrontation avec le mal et la mort. Au baptême, nous avons revêtu le vêtement du Salut, nous avons revêtu le Christ et donc aussi le vêtement du combat. Mais quelle est donc cette épreuve de la tentation à laquelle Jésus a été confronté et à laquelle, comme baptisés, nous sommes nous-mêmes exposés ? Ce n’est pas d’abord, même si cela peut en faire partie, une succession de désirs malsains à l’égard de choses mauvaises. C’est essentiellement l’épreuve radicale de la liberté humaine de choisir pour Dieu ou contre Dieu, de vivre selon la foi ou contre la foi. Et, évidemment, ce choix radical de la liberté se concrétise à travers des comportements de la vie quotidienne. La tentation principale, c’est d’être séduit par l’esprit mauvais, comme le furent Adam et Eve, qui veut nous détourner de Dieu. Mais, grâce à l’Esprit-Saint, l’Esprit baptismal, l’Esprit de la Confirmation, nous sommes transformés en combattants et équipés pour ce combat de la liberté humaine. L’Esprit de Dieu nous conduit à affronter toutes les difficultés du monde, dont la principale est d’être confronté à l’esprit du mal. Et, l’Esprit de Dieu nous procure en même temps la grâce pour nous convertir et croire à la Bonne Nouvelle.

         « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». C’est le message du Christ. C’est le message le plus simple, le plus synthétique de ce qu’est le carême. A quoi bon se dire chrétien si cela ne transforme pas notre manière de vivre. C’est vrai personnellement et c’est vrai communautairement. Les deux sont indissociables, car nous appartenons à l’Eglise, le peuple des baptisés. Au commencement du carême, chacun peut se demander : « qu’est-ce que je vais changer à ma vie ? »

        

         Je m’adresse maintenant à vous, chers catéchumènes. Le Christ vous appelle pour recevoir les sacrements du salut : baptême, confirmation et eucharistie. Depuis plusieurs mois déjà et même plusieurs années, vous vous êtes engagés sur le chemin où la rencontre de Jésus-Christ, Fils de Dieu, est indissociable de la participation active à la vie de l’Eglise, Corps du Christ et Temple de l’Esprit. L’Eglise, comme une mère, vous a accueillis. Elle vous aime et elle attend que vous deveniez pleinement ses enfants.

         Aujourd’hui, comme évêque, chargé du ministère des Apôtres, je vais appeler chacun et chacune d’entre vous pour l’ultime étape avant les sacrements de l’initiation. Le chemin que vous avez parcouru avec vos accompagnateurs, avec vos communautés paroissiales respectives, ce chemin je l’authentifie et le reconnais comme le chemin par lequel Dieu vous a conduit jusqu’à la foi.

         Pendant 40 jours, vous allez franchir les ultimes étapes du combat spirituel. Vivez ce temps favorable avec le désir de changer en vous ce qui ne correspond pas encore à l’Evangile : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile », parce que le Règne de Dieu s’est approché de vous.

         C’est une joie pour moi et pour l’Eglise qui est en Corrèze, pour l’Eglise universelle, de vous accueillir. Désormais, vous allez pouvoir être témoins et signes, par votre participation à la vie des disciples du Christ. Que Dieu achève en vous ce qu’il a commencé. Amen.

 

Mgr Francis Bestion