15 avril 2017 - Vigile pascale — Diocèse de Tulle

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15 avril 2017 - Vigile pascale

Cathédrale - Tulle

Frères et sœurs, le Triduum pascal qui a commencé le Jeudi saint au soir, trouve son sommet cette nuit, dans la Veillée pascale et demain dans le dimanche de Pâques, qui sera prolongé les 7 dimanches de Pâque jusqu’à la Pentecôte.

Cette nuit durant laquelle nous veillons est la plus grande des nuits les plus décisives de l’histoire du salut : nuit de la création, nuit de la sortie d’Egypte, nuit de la venue du Messie, nuit de la Résurrection et, enfin, celle qui nous est encore inconnue, la nuit de la venue glorieuse du Christ à la fin des temps.

Dans cette nuit lumineuse, cette veillée, nous nous souvenons de l’événement de la résurrection du Christ. Nous nous souvenons d’un fait réel, pleinement historique car attesté par des témoins ; et, en même temps nous nous souvenons d’un événement qui transcende l’histoire, qui la dépasse puisqu’il est l’entrée du Christ dans la vie glorieuse, la vie éternelle.

Cette veillée n’est pourtant pas qu’une veillée du souvenir, car la liturgie n’est pas que commémoration. Grâce au Christ grand prêtre qui agit dans toute liturgie, grâce à son Esprit, la liturgie est communion à Lui, le Christ Vivant ; elle actualise pour nous sa mort et sa résurrection ; elle nous rend contemporains de ces évènements, et ainsi elle nous sauve. La liturgie n’est pas un spectacle, si beau soit-il. Elle est un Mystère, c’est-à-dire l’action du Christ mort et ressuscité qui s’offre à nous et pour nous, qui nous unit à son offrande et nous présente au Père.

Nous avons commencé cette veillée par la liturgie du feu et de la lumière, afin de pouvoir célébrer et recevoir la vraie lumière qui est le Christ ressuscité. Le feu et la lumière sont faits pour éclairer, réchauffer, se protéger des dangers, pour se conduire dans la nuit. En utilisant ces symboles, la liturgie nous invite à louer le Christ ressuscité, à le laisser réchauffer nos cœurs pour les rendre brûlants, à illuminer nos ténèbres, à éclairer le chemin de nos vies vers l’éternité promise. En cette nuit lumineuse, Jésus, Lumière du monde, veut faire de nous des enfants de lumière et des porte-flambeaux dans l’obscurité du monde.

Après cette liturgie de la lumière, nous avons écouté la Parole de Dieu, en lisant les saintes Ecritures dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Le Dieu créateur est un Dieu qui nous parle. Il a parlé par les prophètes et en dernier lieu il a parlé en Celui qui est la Parole incarnée, Jésus, son Fils éternel. Le Christ qui nous a sauvés par son Mystère pascal est la Parole de Dieu devenue chair dans le monde. Cette nuit, nous écoutons longuement la Parole de Dieu pour comprendre l’histoire de l’amour de Dieu pour l’humanité et donc pour chacune et chacun de nous. C’est par amour que Dieu a créé le monde et tout ce qu’il contient, avec, à son sommet, l’homme et la femme, à son image et à sa ressemblance. C’est encore par amour que Dieu a libéré son peuple de l’esclavage d’Egypte ; et nous comprenons que par la victoire de son Fils, il nous a libérés de toutes les ‘Egyptes’ de nos péchés. C’est encore lui qui, par amour, marche avec nous à travers toutes les Mers Rouges de nos servitudes, et à travers tous les déserts de nos existences. C’est par amour qu’il vient étancher toutes nos soifs et irriguer les terres stériles de nos cœurs endurcis. Bref, parce qu’il est Dieu d’amour, il est le Dieu des alliances qu’il inscrit dans nos cœurs.

En fin de compte, nous sommes faits pour entendre Celui qui est la Parole incarnée, crucifiée et ressuscitée ; nous sommes faits pour accueillir le message évangélique de la résurrection, comme les femmes au tombeau, le matin de Pâque, afin que nos peurs, nos doutes, nos tristesses soient dissipés. Et en entendant comme les saintes femmes le message de l’Ange, nous comprenons que nous sommes faits pour la résurrection. Comme elles, qui se rendaient au tombeau en embaumeuses à la pointe du jour, comme elles, nous voyons poindre déjà l’aurore du salut.

Oui, en cette veillée, nous écoutons Dieu nous parler et nous dire, en son Fils, par son Fils ressuscité, d’où nous venons et où nous allons et quelle route nous devons emprunter pour y parvenir.

Après la lumière et la Parole, il y aura l’eau. C’est avec l’eau, accompagnée de l’invocation de la sainte Trinité, que nous avons été baptisés et que 10 catéchumènes vont être baptisés dans quelques instants. Le symbole de l’eau, si puissant et si évocateur pour tous les hommes de la terre, ce symbole devient Mystère, c’est-à-dire sacrement du salut. Nous comprenons que la source d’eau vive jaillie du côté transpercé du Christ sur la croix ne se tarit jamais ; elle continue d’engendrer, au cours des siècles, des enfants de la grâce. Vous, chers catéchumènes, vous êtes ces enfants de la grâce qui, en cette nuit très sainte, allaient renaître de l’eau et de l’Esprit saint pour la vie éternelle. L’eau qui va couler sur vos fronts signifie que vous allez être plongés dans le mystère pascal du Christ, dans sa mort et sa résurrection. Vous allez mourir au péché pour vivre avec le Christ, de lui, par Lui et pour Lui. Et nous tous, qui sommes déjà baptisés, nous renouvellerons les promesses de notre baptême et nous serons aspergés avec l’eau bénite pour être comme de nouveaux baptisés morts au péché pour vivre en ressuscités comme de nouveaux convertis.

Ensuite le front des nouveaux baptisés sera marqué de l’huile parfumée, le saint-chrême, pour qu’ils deviennent d’autres christs, c’est-à-dire ceux qui ont reçu l’onction du Saint-Esprit – le paraclet, l’énergie divine, comme l’appelaient les anciens, l’Esprit de vérité, l’Esprit de liberté, l’Esprit de sainteté – pour être témoins du Ressuscité.

La lumière, la Parole, l’eau, et enfin l’Eucharistie. L’eucharistie est le sommet de cette veillée. Comme pour les disciples d’Emmaüs qui, après avoir laissé leur cœur devenir tout brûlant en écoutant le mystérieux pèlerin qui s’étaient joints à eux sur la route leur expliquer les Ecritures, vont enfin reconnaître le Crucifié-Ressuscité à la fraction du pain. Dans le mystère du pain et du vin, c’est-à-dire le sacrement du Corps et du Sang du Christ, nous comprenons que le corps livré et le sang versé sur la croix continuent à être offerts en sacrifice sur les autels de toutes les églises du monde. Du vin des noces de Cana, premier signe du Christ dans l’évangile de saint Jean, les Pères de l’Eglise aimaient dire que nous en buvons encore à chaque eucharistie, car ce vin était déjà la préfiguration du sang de la croix, ultime signe du Christ, pour le banquet des Noces de l’Agneau. En célébrant le mémorial du Sacrifice du Christ, nous devenons nous-mêmes le Corps du Christ dans le monde. Nous devenons ce que nous recevons. Dans notre communion au Christ, invisible mais réellement présent, nous ravivons notre foi en lui, nous fortifions notre espérance en sa venue glorieuse, nous nourrissons notre charité et nous renouvelons notre élan missionnaire. L’Eucharistie est le sacrement qui met en nous dès maintenant la Vie éternelle, l’Immortalité de nos âmes, l’Energie de la résurrection à venir.

Frères et sœurs, baptisés de longue date et vous néophytes, cette participation à la Pâque du Seigneur, nous sommes appelés à la vivre non seulement à chaque Pâque annuelle, mais chaque dimanche, qui est le Premier jour de la Semaine pour les chrétiens, la Pâque de chaque semaine. En participant à la messe dominicale, nous est rendu présent sacramentellement l’événement de la mort et de la résurrection du Christ.

Dieu Père, qui fais resplendir cette nuit très sainte par la gloire de la Résurrection de ton Fils, ravive en nous le don de ta lumière, l’amour de ta Parole, la fidélité à notre baptême, la joie de l’Eucharistie. Amen.

 

 

 

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