14 janvier 2017 - Obsèques de l’Abbé Léopold PEYRAT — Diocèse de Tulle

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14 janvier 2017 - Obsèques de l’Abbé Léopold PEYRAT

Eglise de Saint-Augustin

 

Frères et sœurs, nous venons d’écouter la Parole de Dieu, Parole vivante, comme le disait la première lecture. Dieu nous a parlé par ces textes tirés de l’Epître aux hébreux et de l’Evangile de saint Marc ; ce sont ceux que l’Eglise nous donne en ce samedi de la 1ère semaine du temps ordinaire. Nous les recevons comme une parole de grâce en ce jour où nous accompagnons de notre prière un baptisé, un prêtre qui a achevé son pèlerinage de la foi sur cette terre et son service sacerdotal.

Dans la première lecture, tirée de la Lettre aux Hébreux, il est question de justice et de miséricorde. Ce sont deux réalités qui, humainement parlant, semblent bien difficiles à concilier, à tenir ensemble. La justice des hommes se prononce sur la culpabilité ou la non-culpabilité des personnes, selon les normes du code civil et du code pénal. Les jugements des tribunaux aboutissent à des verdicts implacables : soit on est reconnu coupable et, alors, on est condamné à une peine, soit on est reconnu innocent et on est acquitté. Cette justice des hommes est indispensable à la régulation de la vie en société. Elle n’est pas parfaite ; tout ce qu’on peut souhaiter et attendre d’elle, c’est qu’elle ne soit pas arbitraire.

La justice divine, elle, n’a sans doute pas grand chose à voir avec la justice des tribunaux humains. D’abord, elle a cette particularité de ne pas s’exercer dans le temps des hommes, ici-bas. C’est d’ailleurs ce que certains lui reprochent : pourquoi Dieu ne punit-il pas dès maintenant les méchants ? Pourquoi les laisse-t-il accomplir tranquillement leurs méfaits ? La Bible nous parle du jugement divin qui s’exercera lorsque nous paraîtrons devant Dieu, au moment de notre mort, et du jugement final, à la fin des temps. C’est ce que dit la Lettre aux Hébreux, en présentant la Parole de Dieu comme une épée à deux tranchants qui juge des intentions et des pensées de nos cœurs. Rien ni personne ne lui échappe. « Nous aurons à lui rendre des compte », dit l’auteur de la Lettre.

Cependant, immédiatement après avoir évoqué cette justice divine, la même Lettre eux Hébreux nous parle de la miséricorde divine : « Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours ». Chers amis, cette miséricorde, elle a un prix ! C’est celui de l’Amour qui s’est manifesté pour nous en Jésus – Jésus qui a donné sa vie pour les pécheurs que nous sommes. La lettre aux Hébreux parle de Lui comme du Grand Prêtre par excellence, capable de compatir à nos faiblesses. Dans l’Evangile de ce jour, il se présente lui-même comme le médecin, venu pour guérir et sauver les malades que nous sommes, nous guérir et nous sauver de la plus terrible maladie qui soit, celle du péché. En donnant sa vie sur la Croix, Jésus est devenu, en effet, le Grand Prêtre de l’Alliance Nouvelle et éternelle, c’est-à-dire Celui qui offre comme sacrifice rédempteur sa propre vie, pour nous obtenir miséricorde.

Frères et sœurs, si Dieu avait voulu exercer sa justice ici-bas, il nous aurait envoyé un Juge ; ce n’est pas ce qu’il a fait ! Il nous a envoyé un médecin ! Et ce médecin, pour nous obtenir une guérison éternelle, n’a pas hésité à s’offrir lui-même, en offrande d’amour absolu, pour nos péchés, devenant ainsi le Grand Prêtre parfait, capable d’intercéder à jamais pour nous.

Pour que cette offrande d’amour de son Fils soit à jamais actualisée pour toutes les générations et pour chaque homme, jusqu’à la fin des temps, Dieu se choisit, parmi les hommes, parmi les disciples de son Fils, des prêtres qui rendent présente à chaque messe l’offrande du Christ : « Ceci est mon corps livré pour vous ; ceci est mon sang versé pour vous ».

Si Dieu voulait exercer sa justice ici-bas, il enverrait aujourd’hui des Juges ; mais non ! Il envoie des prêtres, qui, représentant son Fils, ont pour mission d’être, à leur tour, des médecins, c’est-à-dire de manifester la miséricorde de Dieu, le pardon de Dieu pour leurs frères et sœurs qui se reconnaissent pécheurs et qui demandent pardon à Dieu.

C’est au publicain Lévi que Jésus a dit « suis-moi ». Et certains ont murmuré parce que Jésus appelait un pécheur pour devenir son apôtre. Aujourd’hui, c’est encore des pécheurs qu’il appelle – il n’a pas le choix ! – pour devenir ses apôtres. C’est en s’ouvrant à sa miséricorde et en se convertissant, qu’ils peuvent accepter cette vocation et cette mission qui font d’eux des prêtres de Jésus-Christ, des médecins comme Jésus-Christ, pour que la miséricorde divine puisse continuer, ici-bas, de guérir les plaies des pécheurs, de soigner les blessures, de susciter la conversion des cœurs, d’ouvrir des chemins de salut.

Notre frère Léopold a été l’un de ces prêtres, il l’a été pour que le Christ, l’Unique Grand Prêtre, vienne encore s’asseoir à la table des pécheurs, pour leur offrir les remèdes de sa miséricordieuse médecine, c’est-à-dire la grâce de la conversion. L’Abbé Léopold Peyrat n’a pas répondu à l’appel de Dieu pour devenir prêtre parce qu’il était saint, mais pour le devenir, en se faisant l’instrument du Christ miséricordieux, en le représentant ici-bas, pour entraîner ceux qui lui étaient confiés sur le chemin de la sainteté. A-t-il été fidèle à cette vocation et à cette mission ? Ce n’est pas à nous d’en juger. A l’heure où il paraît devant Celui qui est toute justice et toute miséricorde, nous ne pouvons que l’accompagner de notre prière, avec celle des saints et des saintes du Ciel qui, avec nous, intercèdent pour lui.

En offrant maintenant pour notre frère le sacrifice eucharistique du Christ, notre Grand Prêtre éternel, il nous est donné, comme à chaque messe, de mesurer jusqu’ou peut et doit aller notre confiance en Dieu : aussi loin que sa puissance et sa bonté, aussi loin que notre faiblesse et notre misère. Amen.

 

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