17 novembre 2017 - Vendredi de la 32ème semaine du TO — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

17 novembre 2017 - Vendredi de la 32ème semaine du TO

Eglise du Sacré-Cœur des Rosiers

 

Frères et sœurs, alors que nous approchons de la fin de l’année liturgique, la Parole de Dieu que nous écoutons aux messes de semaine et du dimanche évoque le Royaume de Dieu, le Royaume des Cieux et le retour du Christ à la fin des temps. Cette perspective n’a pas pour but d’exciter notre imagination et encore moins de nous rendre fébriles ou inquiets. La perspective du retour du Christ, qui est évoquée dans l’anamnèse, après la consécration, à chaque messe (« nous attendons ton retour dans la gloire ») est une invitation à la vigilance – la vigilance comme une sorte d’attitude de fond de l’existence du disciple de Jésus.

A toutes les époques de l’histoire, les hommes ont mangé, ont bu, ont acheté, ont vendu, ont planté, ont bâti… Par ces verbes d’actions, Jésus évoque l’existence quotidienne, dans ses nécessités d’ordre biologique ou dans ses contingences matérielles, auxquelles personne n’échappe. Ces nécessités ou ces contingences pourraient facilement absorber toute notre énergie ou même réduire notre existence à des actes routiniers, qui en soi n’ont rien de mauvais, mais qui nous détourneraient de l’essentiel.

Dans les sociétés modernes, il n’est pas difficile de voir que l’accroissement considérable des moyens de l’existence (sans aucune mesure avec les siècles précédents) a fait perdre de vue à un grand nombre de nos contemporains l’importance du sens et du but de la vie. « Qui cherchera à conserver sa vie la perdra », dit Jésus. L’idolâtrie que dénonçait le livre de la Sagesse est toujours d’actualité, même si elle a pris d’autres formes ; c’est l’idolâtrie des moyens qui finit par éloigner ou effacer la question des fins de l’existence, du but de la vie. Les chrétiens que nous sommes et qui ne vivent pas en dehors du monde courent le risque d’être submergés par le règne des moyens et d’oublier la réalité du Royaume des cieux. L’Evangile ne nous éloigne pas des réalités terrestres, mais il nous appelle sans cesse à purifier notre regard, à convertir nos désirs, à vérifier nos objectifs. L’Evangile tourne nos regards vers l’Invisible, lequel n’est pas de l’irréel. Cet invisible est la réalité déjà présente du Royaume des cieux, qui demande à être accueillie, dans la triple vigilance de la foi, de l’espérance et de la charité. Nous ne prétendons pas bâtir le Royaume de Dieu, car alors cela signifierait que nous voulons régner à la place de Dieu, mais, en veillant dans la foi, en nourrissant en nos âmes l’espérance du Royaume, en brûlant du feu de la charité, nous participons déjà à la dynamique du Royaume qui conduit l’histoire du monde, l’histoire de l’humanité et notre propre histoire personnelle au-delà d’elles-mêmes.

L’attente du retour du Christ ne nous rend pas rêveurs, fébriles ou indifférents ; elle nous appelle à devenir des veilleurs, à laisser Dieu régner dans nos vies, à la manière, comme le disent les paraboles de l’évangile, du levain, de la semence qui sont invisibles, presque insignifiants, mais bien réels et actifs. Par la lecture de la Parole de Dieu, son écoute, par la prière qui nous tient en présence du Seigneur, par l’amour fraternel, nous sommes vraiment des fils du Royaume qui ne regardent pas en arrière, mais qui marchent résolument vers la Jérusalem céleste.

 

+ Francis BESTION

Evêque de Tulle

Navigation