25 juin 2017 - 12ème dimanche du TO – Année A — Diocèse de Tulle

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25 juin 2017 - 12ème dimanche du TO – Année A

Célébration de la Confirmation - Argentat

« Ne craignez pas les hommes... »

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps.. »

« Soyez sans crainte : vous valez plus que tous

les moineaux du monde »

 

Trois fois, dans cette courte page d’Evangile, Jésus nous dit de ne pas craindre ! Pourquoi cette insistance ? Jésus connaît bien le cœur des hommes ; il connaît bien l’humanité. Nos sentiments, il les a connus, nos soucis, il les a partagés, nos craintes, il les a expérimentées, nos angoisses, il les a éprouvées... Jésus n’est pas un Dieu venu se promener sur la terre, il n’a pas fait semblant d’être homme, il l’a été en tout, excepté le péché. Plusieurs passages des évangiles illustreraient cela : pensons à sa douleur devant la mort de son ami Lazare ; pensons à son angoisse au jardin de Gethsémani, à sa sensation d’abandon sur la croix. Ce sont là bien sûr des situations extrêmes, mais sans aucun doute, il a été éprouvé aussi de voir qu’il n’était pas compris, qu’il était rejeté même par les gens de son village, et même par des membres de sa famille, comme le souligne à plusieurs reprises l’évangile de St Marc. Plusieurs fois, il a dû fuir de peur d’être arrêté. Oui, les épreuves n’ont pas manqué à Jésus durant ces trois années de vie publique, jusqu’à l’épreuve suprême de la Croix.

Et pourtant, il n’a jamais renoncé à sa mission, même lors des plus terribles tentations, comme celles du désert où Satan essaye de le séparer de son Père. Rien n’a pu entamer la confiance absolue en son Père. Il sait donc de quoi il parle lorsqu’il dit à ses Apôtres et à nous aussi : « ne craignez pas ». Ce ne sont pas des paroles en l’air, des paroles légères ou simplement des paroles de réconfort comme nous pouvons parfois en prononcer devant quelqu’un qui est découragé. Si Jésus nous demande de ne pas craindre, de ne pas avoir peur, c’est parce qu’il sait que notre Père du Ciel veille sur nous qui sommes ses enfants.

Jésus ne nous promet pas de vivre sans épreuves, il ne nous promet pas une vie qui coulerait comme un long fleuve tranquille, il ne nous promet pas une vie sans souffrance. Il a même dit à ses disciples : « celui qui veut me suivre, qu’il prenne sa croix et qu’il marche derrière moi ». Les recettes faciles de bonheur, les remèdes miracles, les assurances-vies, tout cela ne vient jamais dans la bouche de Jésus ; c’est bon pour les charlatans qui abusent les pauvres gens. Et notre monde n’en manque pas...

Ce que dit Jésus, c’est que le disciple ne doit pas craindre, il ne doit pas avoir peur. Cette Parole, nous devons l’accueillir avec foi. Nous en avons grandement besoin dans un monde où tant de gens, et notamment les jeunes, sont profondément marqués par toutes sortes de peurs. On dit que nos ancêtres les gaulois avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête ! Si nous n’avons plus tellement cette peur, nous en avons bien d’autres tout aussi angoissantes... Et la raison de cela, la raison profonde, c’est le manque de foi et d’espérance. Nous sommes comme les Apôtres dans la barque sur la mer déchaînée, qui sont saisis de panique... Nous connaissons la réponse de Jésus : « hommes de peu de foi, pourquoi avez-vous eu peur, pourquoi avez-vous douté ? ».

Jésus nous met en garde : « ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps mais ne peuvent pas tuer l’âme ». Ca signifie que si nous mettons notre confiance dans le Seigneur, nous sommes sûrs qu’il n’arrivera rien à notre âme. C’est l’exemple que nous donnent les martyrs : on fait périr leur corps, mais eux savent bien qu’on ne peut pas tuer leur âme et que leur foi en Dieu, envers et contre tout, les sauvera de la mort éternelle. Le malheur c’est que beaucoup de nos contemporains ont plus de crainte pour leur corps que pour leur âme ! C’est pourquoi d’ailleurs les médecins des corps ont plus de succès que les médecins des âmes !

Chers confirmands de ce jour, vous allez recevoir la plénitude des dons de l’Esprit Saint pour que justement vous soyez sans crainte. C’est l’Esprit de Force, l’Esprit de courage, l’Esprit de Vérité, l’Esprit de Lumière, l’Esprit de liberté qui vous est donné dans ce sacrement de la confirmation pour que puissiez témoigner de votre foi. La confirmation est le sacrement du témoignage. Livrés à vos propres capacités naturelles, vous seriez incapables de rendre témoignage au Christ, mais remplis de l’énergie du Saint-Esprit vous êtes équipés pour le combat spirituel, pour affronter les forces du mal, pour faire face à l’adversité, pour annoncer sans complexe et sans peur la Bonne Nouvelle du Royaume. L’Esprit Saint n’empêchera pas qu’on se moque de vous, il ne vous épargnera pas les épreuves de la condition humaine, il ne fera pas de vous des superman, mais il vous rendra capables de supporter les difficultés et les épreuves avec force et courage, de ne pas faiblir dans la foi, dans l’espérance et dans la charité. L’Esprit Saint était là au commencement de l’Eglise, le jour de la Pentecôte, et depuis il n’a jamais manqué à l’Eglise ; il est toujours le feu qui embrase, la flamme qui réchauffe, le souffle qui permet d’avancer au large.

L’Esprit-Saint ne s’engagera pas à votre place, il ne parlera pas à votre place, il n’agira pas à votre place ! Il ne remplacera pas votre volonté, il n’effacera pas votre liberté d’enfants de Dieu. En revanche, il les rendra efficaces, il les fortifiera, il les soutiendra.

Votre démarche d’aujourd’hui est une démarche de foi qui s’accomplit en Eglise. Je vous l’ai écrit : on n’est pas chrétien tout seul. Chacun de vous, chacun de nous a besoin des autres. Vous avez besoin de l’Eglise et l’Eglise a besoin de vous. Dans la Vigne du Seigneur, il faut beaucoup d’ouvriers ; du Pape et des évêques jusqu'à celui qui accomplit la plus petite tâche dans la communauté, il faut beaucoup de serviteurs et de servantes pour que le Corps du Christ se construise et que la mission se réalise. A vous de prendre votre place et votre part de service et aux autres membres de la communauté de vous permettre de trouver cette place et de la prendre. Dans l’Eglise personne ne doit se sentir de trop et, en même temps, personne ne doit se sentir indispensable. Je lisais hier le témoignage d’une jeune fille qui, dans sa communauté paroissiale, avait été invitée à animer le chant ; elle en était très heureuse, mais elle disait que le jour où elle avait voulu introduire un chant nouveau, elle s’était heurtée à l’inertie de ses aînés… Se mettre au service de l’Evangile, ce n’est pas d’abord et principalement accomplir quelque chose dans la Communauté, c’est prendre sa part d’engagement dans la société, là où on est, dans son école, dans son travail, dans les associations. C’est ce que le Concile Vatican II a appelé l’apostolat des Laïcs. C’est là que le baptisé-confirmé est appelé à rendre témoignage de l’Evangile pour que l’esprit de l’Evangile pénètre dans la société et dans ses diverses structures. C’est cela la mission de l’Eglise : sortir, comme dit le pape, pour faire connaître à tous que Dieu les aime et qu’il est notre Sauveur.

Frères et sœurs, chers confirmands, soyons joyeux d’être des missionnaires de l’Evangile ! Que l’Esprit de Pentecôte souffle et nous conduise au large ! Amen.

 

+ Francis BESTION

Evêque de Tulle

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