Samedi 28 novembre 2015 - Pèlerinage des Gens du Voyage — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Samedi 28 novembre 2015 - Pèlerinage des Gens du Voyage

Rocamadour

 

Chers amis, les textes de la Parole de Dieu que nous venons d'écouter parlent de choses bien étranges. Il y est question d'évènements apocalyptiques. Mais ce genre littéraire présent dans l'Ancien et le Nouveau Testament n'a pas grand chose à voir avec ce qu'on appelle du nom d'Apocalypse dans les films de science fiction ! Il ne sert donc à rien de laisser divaguer notre imagination autour des quatre énormes bêtes dont il est question dans le livre de Daniel. Fondamentalement, ce que veut dire ce livre c'est que le mal sous toutes ses formes – le mal comparé à des animaux monstrueux – n'aura pas le dernier mot. Il faut nous rappeler cette vérité de la foi, particulièrement en ces moments d'épreuve dans notre pays et dans bien des pays du monde où des organisations terroristes islamistes sèment la barbarie et massacrent aveuglément des personnes innocentes.

Plus largement, la Parole de Dieu, aujourd'hui, nous interroge sur la réalité de notre mort. C'est une réalité inéluctable, qu'elle soit proche ou lointaine, nous ne pouvons y échapper. On peut bien sûr essayer de l’oublier (c'est ce que font certaines personnes qui chassent leur angoisse dans la drogue, l'alcool ou les médicaments), on peut essayer de la contourner, on peut espérer une mort avec le moins de souffrance possible, mais il n'empêche qu'elle viendra tout de même un jour. Même la foi en Dieu ne nous épargne pas cette épreuve. Si bien que nous devons nous poser la vraie question : soit faire confiance aux palliatifs (mais ils ne sont pas durables) ou bien faire confiance à notre Dieu, qui est le Dieu de la vie.

Cette confiance devant les épreuves de la vie et devant l'épreuve ultime de la mort, elle porte un nom : elle s'appelle l'Espérance. Je ne veux pas parler des petits espoirs (même si, heureusement, nous sommes parfois soutenus et consolés dans nos peines par des lueurs d'espoir) ; je veux parler de la grande Espérance du chrétien, l'Espérance de la vie éternelle. Dieu merci, nous ne sommes pas tous confrontés aux épreuves terribles de ceux qui ont trouvé la mort dans les attentats du 13 novembre ; mais, il n'empêche que chacun et chacune d'entre nous doit affronter bien des soucis, des difficultés, au cours de son existence. Et c'est dans la manière de supporter, d'affronter tout cela qu'on peut reconnaître un homme et une femme d'espérance. Si nous n'avions pas cette Espérance, nous pourrions facilement tomber dans la mélancolie et le désespoir ou bien la révolte.

Cette Espérance – qui est un autre nom de la confiance en Dieu – est une lumière sur le chemin de la vie, mais pas seulement pour chacun d’entre nous dans son existence personnelle. Elle est aussi une lumière pour comprendre l’histoire humaine, y compris dans son déroulement énigmatique, y compris dans les tragédies de cette histoire. Les évènements dramatiques ou terrifiants de l'histoire humaine peuvent être compris, dans la foi, comme des signes ; non pas que Dieu soit à l'origine de ces évènements (ce n'est pas Dieu qui cause le mal), mais parce qu'à travers eux, il nous appelle à discerner et à nous convertir nous-même, à agir toujours plus en faveur de la paix, de la justice, de la réconciliation. A travers les malheurs de l'existence, Dieu nous invite à ouvrir des chemins de vie, des chemins d'espérance pour les hommes et les femmes de ce monde.

C'est le sens des paroles de Jésus dans l'Evangile de ce jour. Jésus nous met en garde de ne pas nous assoupir, de ne pas céder à nos penchants mauvais, mais de rester en éveil. Rester en éveil ne veut pas dire nous inquiéter de ce que sera demain. Personne ne le sait. Rester en éveil, c'est se garder du mal et du péché pour être prêts à paraître devant Dieu lorsque viendra le jour de notre mort. Et pour cela, Jésus nous indique la voie la plus sûre : "Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme". La prière nous rend forts devant les forces du mal. Pourquoi ? Parce qu'elle nous tient dans la main de Dieu, dans sa confiance, dans son amour. La prière, ce n'est pas simplement de réciter des prières, mais c'est une relation avec le Seigneur. Et c'est cette relation d'amitié qui nous tient éveillés, lucides, réalistes devant les évènements. La prière est comme une respiration spirituelle. Elle est un véritable oxygène qui vient de l'Esprit Saint et qui remplit nos cœurs pour qu'ils ne se laissent pas troubler par le mal, qu'ils ne se laissent pas corrompre.

Je termine en laissant la parole à Saint Jean Chrysostome : "la prière est l'avocate des justiciables, la consolation des affligés, la joie des gens heureux, le réconfort des endeuillés, le linceul de ceux qui meurent. La prière est conversation avec Dieu, c'est une gloire rendue à Dieu et qui rivalise avec celle des anges". Amen.

Navigation