Mardi 19 août 2014 - Pèlerinage à Lourdes — Diocèse de Tulle

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Mardi 19 août 2014 - Pèlerinage à Lourdes

Célébration de la pénitence et de la réconciliation - Chapelle Notre-Dame

Frères et sœurs,

Ce matin, comme jadis pour la samaritaine au puits de Jacob, la voix de Jésus se fait entendre pour nous : « Donne-moi à boire ! ». Cette Parole est pour chacun et chacune d’entre nous. La Samaritaine s’indignait de cette demande de Jésus. Sans nous indigner, nous pourrions trouver bien étrange que le Seigneur nous demande de lui donner à boire… Nous, pauvres humains, que pourrions-nous donner à Dieu ?

Et pourtant, si nous nous rendons attentifs aux appels de Dieu dans la Bible, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas les premiers à qui Dieu a demandé quelque chose ! La Bible est même remplie de telles demandes, faites à des hommes et des femmes : un certain Abraham, un certain Moïse, un certain Samuel, un Jérémie, et puis, un certain Joseph et une certaine Marie, ou encore de simples pêcheurs du Lac de Tibériade, un publicain Lévi, un certain Saül de Tarse qui persécutait les chrétiens… Et tous, c’est vrai, ont manifesté leur surprise et fait valoir leur incapacité : « Tu n’y penses pas, Seigneur ! Qui suis-je pour faire ce que tu me demandes ? »

« Donne-moi à boire ». Nous pourrions répondre : « Seigneur, c’est moi qui ai soif et c’est toi qui me demandes à boire… ! »

Mais comme la Samaritaine, nous l’entendons nous répondre : « Si tu savais le don de Dieu… »

Oui, frères et sœurs, au bord de nos puits sans eau, nous entendons Jésus nous dire « donne-moi à boire », parce qu’il s’intéresse à nous, à notre soif véritable de la vraie vie. Et alors que nous serions tentés de lui répondre que tous nos puits sont asséchés, il nous dit encore, comme à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu, c’est toi qui m’aurais demandé et je t’aurais donné l’eau vive ».

Par ignorance, par peur, par indifférence, par lâcheté, par crainte de notre indignité, voilà que nous pouvons passer à côté du don de l’eau vive ! Nos faims et nos soifs naturels, nos désirs terrestres, nos appétits charnels nous feraient-ils perdre de vue la soif véritable ?

Ecoutons Jésus nous redire « si tu bois de l’eau de ce puits, tu auras encore soif, mais si tu bois de l’eau que moi je te donne, alors tu n’auras plus jamais soif ; cette eau deviendra en toi source jaillissante pour la vie éternelle ! »

A vrai dire, mes amis, cette eau, elle nous a déjà été donnée. Comme je vous le disais hier, il s’agit du baptême que nous avons reçu et avec lui des dons les meilleurs : la foi, l’espérance et la charité.

Cette grâce première et suprême nous préparait à recevoir toutes les autres grâces pour raviver sans cesse en nous le don de Dieu. Mais pour cela, nous devons entendre la demande de Jésus : « Donne-moi à boire ». Sur la croix, cette demande deviendra un cri : « j’ai soif ». La tendresse de Dieu, son amour, sa miséricorde pour nous sont tels qu’il va jusqu’à se faire le mendiant de la soif pour nous attirer à lui, comme si lui qui est la plénitude de l’Amour voulait recevoir quelque chose de nous… Ne nous y trompons pas : c’est encore pour mieux se donner à nous : « si tu savais le don de Dieu … »

Le sacrement de pénitence et de réconciliation est ce temps de grâce où le Seigneur veut raviver en nous le don que nous avons reçu au baptême. C’est le don de l’Esprit Saint qui fait des chrétiens de « vrais adorateurs », capables de prier le Père « en esprit et en vérité » (v.23). Seule cette eau peut assouvir notre soif de bien, de vérité et de beauté ! Seule cette eau, qui nous est donnée par le Fils, peut irriguer les déserts de l’âme inquiète et insatisfaite « tant qu’elle ne repose en Dieu », selon la célèbre expression de saint Augustin.

Alors, approchons-nous du véritable puits, de la véritable source ! Approchons-nous de Jésus ! Il est assis près de nos puits sans eau… et il nous attend. L’eau vive qu’il veut nous donner ce matin ou dans les jours qui suivront c’est celle de sa miséricorde et de son pardon. Nous ne l’avons pas méritée, non, nous ne l’avons pas méritée. Mais cette eau du pardon est gratuite parce que Jésus en a payé le prix sur l’autel de la croix : « C’était nos péchés qu’il portait dans son corps, sur le bois, afin que morts à nos péchés nous vivions pour la justice » (I, P, 2).

Comme saint Paul, je me fais, ce matin, l’ambassadeur du Christ pour vous dire : « laissez-vous réconcilier par Dieu ! ». Je ne le fais pas comme si j’étais moi-même sans péchés – je n’ai nul besoin de vous dire que ce n’est pas le cas ! – mais, je le fais, avec mes frères prêtres, comme ministres de la réconciliation dans l’Eglise. St Augustin disait aux fidèles présents le jour de son ordination épiscopale : avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque. Je pourrai dire : avec vous je suis pécheur, pour vous je suis réconciliateur. Plus que quiconque le prêtre doit se reconnaître pécheur, car plus que quiconque il est témoin de la miséricorde de Dieu en dispensant aux autres la grâce du pardon de la part de Dieu. Se reconnaissant lui-même pécheur, bien conscient de son indignité de ministre, c’est-à-dire de serviteur du Christ Sauveur, il a lui-même recours à ce sacrement qui est le grand trésor que l’Eglise distribue sans que jamais il ne s’épuise parce que la miséricorde de Dieu est infinie.

Plus les baptisés auront faim et soif de l’Eucharistie, plus ils auront faim et soif de la miséricorde et du pardon en confessant leur péché aux prêtres et plus le Seigneur accordera à la communauté chrétienne les prêtres dont elle a besoin. On entend parler souvent de la crise des vocations ; il vaudrait mieux parler de la crise de la foi. Comment un jeune pourrait-il entendre l’appel de Dieu au sacerdoce si lui-même ne se nourrit jamais de l’eucharistie et ne va jamais se confesser ? Comment saura-t-il qu’il n’y a pas d’eucharistie sans prêtre et qu’il n’y a pas de sacrement de réconciliation sans prêtre ? Après la bénédiction du Saint-Sacrement, on disait autrefois « Seigneur, donnez-nous des prêtres, donnez-nous de nombreux et saints prêtres » ; on peut toujours le dire aujourd’hui ; mais il faudrait dire d’abord : « Seigneur, donne-nous des pénitents, donne-nous des communiants ! ». S’il n’y a pas de communiants et pas de pénitents, alors il n’y a pas besoin de prêtres.

En allant dans quelques instants confesser nos péchés au prêtre et recevoir l’absolution, pensons aussi à rendre grâce au Seigneur pour le don de sa miséricorde, pour le don de ses sacrements – sacrement de la réconciliation, sacrement de l’eucharistie, sacrement de l’Ordre – par lesquels il ne cesse de répandre sa grâce dans nos cœurs. Merci Seigneur pour le don de la pénitence et de la réconciliation, merci pour le don de l’Eucharistie, merci pour le don du sacerdoce ministériel. Amen.

 

+ Francis Bestion

Evêque de Tulle