Départ des sœurs de Saint-Gildas — Diocèse de Tulle

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Départ des sœurs de Saint-Gildas

Publié le 01/09/2023
En septembre, les sœurs de Saint-Gildas (Égletons) partiront. L'occasion de rendre grâce pour tout ce qui a été semé durant toutes ces années

Pourriez-vous présenter ?

Sr Alodie Charbonneau – Mon nom indique que je suis d'origine vendéenne. Même si je suis née tout près de la Vendée en Loire Atlantique, d'une famille ouvrière.

Sr Renée Baholet – Je suis native de Mirande, le nord de la Loire-Atlantique.

Et la troisième sœur, même si elle n'est pas présente aujourd’hui pour des raisons de santé ?

Sr Alodie – Elle s’appelle Yvonne Bonneau. Elle a eu son enfance dans le pays de Retz, d'une famille nombreuse très chrétienne. Elle aussi, elle est allée dans une des écoles de Saint Gildas à Nantes, elle a fait l'école pendant un an et ensuite elle est entrée au noviciat. Elle était enseignante dans un certain nombre d'écoles primaires jusqu'en 1993. Elle était d'ailleurs à Beignon directrice dans l'école de fondation, puis on lui a demandé si elle acceptait de partir pour le Mexique. Elle a fait 20 ans au Mexique.

Quelle est l’histoire et le charisme de votre congrégation ?

Sr Alodie – La congrégation Saint-Gildas est née le 5 mai 1807 de l'intuition d'un prêtre, Gabriel Deshayes, qui a donné une impulsion à une jeune femme de son village qui s’appelait Michelle Guillaume, après la Révolution. Le pays était désorganisé, tant au plan humain que spirituel. Il y avait beaucoup de divisions. Le prêtre lui-même était un prêtre non assermenté qui s'est caché. Cette femme avait un désir de vie contemplative mais le prêtre l'a poussé à ouvrir une école pour les petites filles de son village, parce qu'elles n'étaient pas instruites, ni des choses humaines, ni de la foi chrétienne. Elle a donc commencé seule, puis très vite a été rejointe par Marie-Jeanne Grenier. Cette dernière avait échappé à l'échafaud  le coup d'état du 9 Thermidor de Robespierre l’a sauvée. Toutes les deux pendant plus d’une quinzaine d'années ont conduit cette école, au village de Beignon dans le Morbihan. À Beignon, elles ont fondé une école, d'autres femmes sont venues les rejoindre. Il y a eu beaucoup de recherches, en particulier il y avait la question de la vie contemplative pour Michelle. Gabriel Deshayes soutenait cette œuvre, il a même essayé de les rallier à une autre congrégation, mais cela n'a pas marché. Il a décidé alors de fonder cette congrégation. Elles étaient six, elles ont fait leur première profession dans l'église de Beignon, le 8 novembre 1820. C'est la fondation de la congrégation. 

 

Comment arriveront-elles du Morbihan en Corrèze ?

Sr Alodie – Le grand passage s'est fait quelques années après, quand il y a eu une demande en Loire-Atlantique, à Avezac. Je crois qu'avant elles ont essayé de trouver une autre maison, parce qu'il y avait d'autres jeunes filles qui arrivaient. C'était trop petit. Elles sont donc parties à Beauchâteau, un ancien prieuré je pense. De Beauchâteau, il s'est trouvé une abbaye à Saint-Gildas qui était encore peuplé par quelques moines à la Révolution, ils ont été noyés dans la Loire. Gabriel Deshayes a acheté cette abbaye désaffectée qui était dans un très mauvais état, c'est comme cela que nous sommes arrivées à Saint-Gildas. Les sœurs se sont établies pauvrement, puis il y a eu des demandes de fondations d'écoles pour les filles des campagnes. Nous eu essentiellement en charge une grande majorité d'écoles primaires. Nous avons investi à 90 à 95 % des écoles primaires de filles catholiques de Loire Atlantique. L'évêque souhaitait que l'on reste en Loire-Atlantique.

Sr Renée – Nous avons ouvert aussi très rapidement des hospices ; dès 1827 il y a eu une branche hospitalière.

Sr Alodie – Effectivement, il y avait des sœurs pharmaciennes, des sœurs aussi qui allaient soigner les malades. Elle ont toujours été minoritaires en nombre mais ce sont elles qui nous ont permis, suite aux lois de séparation de l’Église et de l’État, de demeurer congrégation. À partir du Concile Vatican II, il y a eu des demandes d'évêques dans des diocèses qui avaient beaucoup moins de demandes, il y a eu des appels, des sœurs sont venues par l'intermédiaire des responsables qui ont accepté de venir en Corrèze comme elles sont allées dans la Mièvre, la Marne, le Loiret, etc.

Sr Renée – Nous sommes arrivées en Corrèze en 77 à Malemort.

Sr Alodie – Après il y a eu Meyssac, Albussac, Tulle, Rosiers d'Égletons et Égletons. La communauté d’Égletons a été fondée il y a douze ans, suite à la fermeture de Rosiers d'Égletons et Malemort, parce qu'il y a eu un appel de l'évêque, qui demandait en particulier qu'il y ait des sœurs pour s'occuper de l'aumônerie des jeunes, car il y a beaucoup d'étudiants ici. C'est aussi ce que l'on m'a demandé en venant ici et que j'ai essayé de faire les premières années. Après cela s'est diversifié pour moi. D'autres ont pris le relais à ma place.

Qu'est-ce que vous avez fait, vécu en Corrèze ? 

Sr Alodie – J'ai essayé de faire ce que l'évêque m'avait demandé,à savoir de m'insérer auprès des jeunes de l'aumônerie. C’était difficile de fonder une aumonerie ici, avec les étudiants, parce que d'une part ils ne sont pas toujours stables ici et c’étaient surtout des étudiants étrangers. J'ai essayé mes deux premières années de lancer, j'ai fait des permanences. Puis Mgr Charrier m'a demandé de rentrer au service de formation du diocèse. C'est là que j'ai donné un certain nombre d'années, en particulier j'ai accompagné deux CEFAC, avec le père Gérard Reynal et une équipe de pilotage. Le Père Tersou m'a demandé de coordonner la formation des funérailles. Lors que j’ai passé le relais, je me suis investie d’abord dans la liturgie, puis la conduite des funérailles. Par ailleurs, j’ai rejoint une association qui n’est pas d'Église, Maîtrise de la langue et Aide Personnalisée, une association locale qui aide toute personne qui a besoin de français et fait aussi du soutien scolaire. Je me suis d'abord inscrite au soutien scolaire au collège, puis il y a eu l'arrivée des migrants. La présidente savait que j'étais religieuse, elle m'a très bien accueillie, en respectant la laïcité. En soutien scolaire, nous avions surtout des turcs, en apprentissage de français beaucoup de garçons qui étaient de confession musulmane. J'ai beaucoup aimé parce que cela m'a permis de rencontrer nombre de personnes que je ne croisais jamais à l'église. Cela a été beaucoup important pour moi, comme aussi la rencontre avec les personnes pour la préparation des funérailles.

Sr Renée – Quand je suis arrivée ici, je venais du Morvan où j'avais passé deux ans après les douze ans passés en conseil de congrégations, à la maison généralice à Nantes. J'avais perdu à ce moment-là le contact avec le diocèse à la base. Dans le Morvan, j'ai découvert un peu ce que c'était cette petite montagne et la pauvreté dans cette contrée de France. Lorsque je suis envoyée ici, je ne savais pas du tout ce que je venais faire. Lorsque j'ai rencontré l'équipe pastorale, les deux prêtres qui n'étaient pas ceux d'aujourd'hui, m'ont demandé tout de suite de venir préparer pour la Toussaint. Je leur ai dit que j'arrivais, que je ne savais pas du tout les besoins de ce diocèse, que je ne pouvais pas prendre la place de quelqu'un d'autre. Puis ils m'ont dit qu'il y avait une demande au niveau de la coordination du secteur. Donc j'ai travaillé à ce niveau-là, à la coordination de l'EAP pendant les quatre années avec le Père Jarek et le Père Soularue. Lorsque le Père Épiphane est arrivé , il y a eu un moment d'adaptation, et actuellement j'ai retrouvé ce travail-là.

Quels bilans positifs et négatifs tirez-vous de votre passage en Corrèze ?

Sr Renée – J'ai essentiellement travaillé à la coordination paroissiale (EAP d'abord, liturgie aujourd'hui) et au Mouvement chrétien des retraités (MCR). J’ai pu voir la pauvreté de l'Église en Corrèze. Il y a des personnes qui ont des attentes, des désirs, mais nous n'avons pas forcément trouvé le chemin pour les rejoindre. Des personnes tiennent à cette Église d'Égletons, donnent de leur temps, de leur personne. Il y a beaucoup de richesses dans le cœur des gens, comment les rejoindre pour que cette richesse s'épanouisse pleinement et rejoigne Celui qui est la source de l'Amour ? 

Petit détail en final : J'ai beaucoup apprécié les paysages !

Sr Alodie – Je retiens trois évènements principaux : le premier la formation CEFAC, tout cet approfondissement de la foi, ces personnes qui donnaient six week-ends par an pour se former, les échanges importants que l'on a eu, le travail d'équipe avec le Père Reynal et d'autres. Je pense que cela continue sous une autre forme, avec Cléophas aujourd'hui. La deuxième chose, c'est la rencontre des personnes pour la préparation et la conduite des funérailles. C'est important parce que les gens viennent là avec leurs souffrances, ils apportent aussi toute l'humanité qui a été vécue par la personne défunte. Je trouve cela très fort, les gens sont tels quels, les artifices tombent. À ce moment-à, il y a une approche de la foi chrétienne plus facile. J'apprécie la façon dont les gens sont disponibles pour préparer cette célébration, ce qui montre bien que la foi chrétienne n'est pas encore étrangère à ce que vivent nos contemporains. L'autre évènement que je retiendrai est la rencontre des personnes étrangères à l'association des étrangers. J'ai vécu dix ans en Afrique au Burkinassa Fasso, ce qui me rapprochait d'eux. Ces rencontres avec les personnes que l'on ne rencontre jamais à l’Église, qui portent des valeurs humaines extraordinaires de dévouement, générosité. Je me rappelle de cette personne qui disait : « il n'y a que des militants et des cathos pour s'occuper des pauvres. »

Sr Renée – Le temps de relecture synodal a été pour moi un temps important pour entendre ce que les chrétiens de Corrèze avaient à dire. J'ai été heureusement surprise de tout ce qui s'est dit.

Sr Alodie – Je regrette que ne soit pas mis en place une pastorale d'approche pour ceux qui sont loin de l’Église et qui constituent la réalité de toute la Haute-Corrèze. Aujourd'hui, j'ai l'impression que la pastorale est pour les « cathos » mais qu’on ne pense pas à ceux du dehors. C'est à nous d'aller vers eux et de leur annoncer la Bonne Nouvelle de l'Evangile. Il faut chercher les moyens, et ce n'est peut-être pas de les inviter à dire un chapelet ou l'office ; il faut quelque chose qui se recherche. Dans un lieu qui était très loin de l’Église, les gens nous connaissaient, le seul fait que l'on soit religieuse leur disait quelque chose de Dieu. Notre vie elle-même témoigne. Les chrétiens ont aussi à faire signe. Il y a quelque chose qui va au-delà de ce que les gens vivent. Il y a une promesse de vie, une promesse d'amour.

Pourquoi partez-vous ?

Sr Renée – Notre vieillissement personnel et celui de notre congrégation d'abord. Toutes les trois nous commençons à avoir un âge avancé, et des accros de santé plus ou moins importants. Yvonne Elle est paralysée, elle a fait un AVC au mois de février. Sr Yvonne a été transférée en Loire-Atlantique, dans un EHPAD assurant soins de suite et rééducation, en attendant que l'EHPAD de notre Maison-mère à Saint-Gildas-des-Bois puisse la prendre en charge.

Personnellement, je vais dans le Morbihan dans notre maison de fondation.

Sr Alodie – Je pars dans la banlieue de Saint-Nazaire , il y  avait là une école qui a été convertie en chambre pour permettre aux sœurs en retraite de se retrouver.

Un dernier mot pour les corréziens ?

Sr Alodie – Merci pour ce que vous êtes.

Sr Renée – Vous avez beaucoup de richesses ; un merci pour le chemin parcourru ensemble.

Pêle-mêle

La communauté d'Egletons ferme définitivement et avec  elle, c'est une congrégation qui quitte ce Diocèse de Corrèze. Témoignages de sœurs de Saint-Gildas qui sont passées par la Corrèze
 

1. Rosier d'Egletons

« Lorsque ma retraite d'enseignante est arrivée, j'ai accepté la mission d'aller rejoindre la communauté des sœurs de Rosiers d'Égletons, pour y assurer de la catéchèse et témoigner de la vie religieuse , particulièrement dans les petites paroisses rurales. J'y suis restée 12 années et j'en ai gardé un très bon souvenir. Tout au long de ce long séjour, j'ai essayé d'être, comme nous y invite notre famille religieuse  « un témoin humble et joyeux de l'amour de Dieu », mais je reconnais aussi avoir beaucoup reçu de la part des Corréziens : sens de l'accueil, simplicité, confiance, amitié... étaient au rendez-vous lors des rencontres, échanges, des célébrations préparées et vécues ensemble.

Je rends grâce au Seigneur pour ces années passées au milieu de vous. 

Sr  Marie-Thérèse Bernier

2. Tulle (évêché)

Mes 8 années passées en Corrèze ont été pour moi une chance ! 

J'ai apprécié la variété et la beauté de ses paysages, mais surtout sa population simple, attachante et généreuse.
À travers mes activités à l'évêché de Tulle, j'ai été témoin des efforts du diocèse pour l'annonce de l'Évangile : l'organisation des paroisses, la formation des laïcs en mission ecclésiale, l'encouragement des chrétiens  des villages à se rassembler régulièrement pour prier, partager la Parole de Dieu, s'entraider au quotidien.

Je continue de prier pour ce diocèse, pour que la Foi reste active, contagieuse , au cœur des baptisés.

Soeur  Marie-jo Guillossou

3.  Meyssac- Rosiers, Tulle (évêché)

24 ans passés en Corrèze : 9 à Messac, 2 à Rosiers d'Egletons, 13 à Tulle.

J'ai aimé la Corrèze, l'Église de Corrèze. À Meyssac j'ai été témoin de la Foi des chrétiens, de leur souci du partage. Quelle richesse dans les équipes d’Action catholique des femmes, dans les petites communautés paroissiales sur Beaulieu dans lesquelles nous animions les célébrations en l'absence de prêtre. 

Partie en 1990 au Mexique, je reviens en Corrèze après dix ans. Je passe deux ans à Rosiers d'Egletons, puis je rejoins l'Evêché, là, durant 13 ans je vis au coeur du diocèse. Que de belles rencontres, que d'amitié partagée. 

Aujourd'hui après 46 ans de présence, la congrégation quitte le diocèse non sans douleur, mais soyez assurés que toutes celles qui ont oeuvré dans ce beau pays porterons encore longtemps dans leurs prières cette église que nous avons aimée.

Sœur Marguerite Drouet

4 - Albussac

Dès 1980, l'évêque de Tulle, avait demandé à la Congrégation des Soeurs de St-Gildas -des-Bois (Loire-atlantique,) une communauté de sœurs pour une présence d'Eglise, là où il n'y avait plus de prêtres. C'est ainsi qu'en 1982 , en communauté de trois, nous sommes arrivés à Albussac, nous avons oeuvré d'abord avec le curé de Montceau, puis avec  l'abbé Puyjalon, curé d'Argentat, assurant la catéchèse, les préparations liturgiques du dimanche, les rencontres en famille.

Venir en Corrèze pour une mission d'Église est une chance, mais quitter la Corrèze  pour une autre mission, cela ne se fait pas sans regret, surtout quand on la quitte avant la fin d'un Synode. On ne dit pas  adieu, mais au-revoir car nous faisons nôtre cette prière:

« Dieu qui fait toute chose nouvelle quand passe le vent de l'Esprit,

Viens encore accomplir tes merveilles,  Aujourd'hui »

Soeur Odile Pacreau

5 - Malemort

De 1977 à 2011 , des Soeurs de Saint-Gildas ont été présentes à Malemort, certaines étaient infirmières, éducatrices spécialisées, d'autres ont accompagné le KT, le MCR, la Pastorale des Malades, des personnes handicapées , le Secours Catholique, le CCFD, les familles en deuil  , l'accueil à la Paroisse et la présence auprès des gens  du quartier y compris les Portuguais, les Maghrébins..... pendant 34 ans en étant "des témoins humbles et joyeux de l'amour de Dieu" pour tous.  

 

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