Ce fut une très belle Lunade — Diocèse de Tulle

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Ce fut une très belle Lunade

Publié le 28/06/2022
Toute la matinée, des pluies diluviennes avaient fait craindre le pire. Et puis en milieu d'après-midi, le ciel s'est peu à peu éclairci pour permettre aux décorateurs de croix de terminer leur beau travail.

A la croix saint Jean, on montait à l'échelle pour couvrir la croix de bois de feuillages avant de la garnir de roses. Chez Amalia et José Dos Santos, on s'affairait autour du support de grillage où étaient piquées les fleurs cueillies dans leur jardin ouvrier. A la croix des Fages, la brouette qui supporterait le gabarit était sortie du garage, tandis qu'une équipe était partie en ville chez la fleuriste rapporter les fleurs commandées. A la Breyge, la croix était déjà recouverte de feuilles : les fleurs viendraient en dernier moment.

A la cathédrale, saint Jean attendait patiemment dans le chœur, déjà revêtu de son manteau rouge. Vous souvenez-vous que, jadis, il portait une haute couronne dorée ? Qui, une année, m'a raconté Brigitte, était restée accrochée dans les branches d'un arbre dans l'étroit chemin du bois des Malades ! Où est-elle passée cette belle couronne ? (il portait aussi, sous son manteau, une robe de soie).

Cette année, saint Jean a dû patienter un peu plus avant sa sortie annuelle, le temps d'une messe. C'est donc à 19h30 qu'il est sorti, sur les épaules de la célèbre et courageuse “porteuse” (aidée de trois autres porteurs), qui jadis faisait la Lunade pieds nus, comme aux temps anciens. Suivait, cette année, Etienne le porte-croix, puis les deux abbés en aube blanche.

« Grand saint Jean nous voici tous, accourus près de vous… », c'est le célèbre cantique aux 22 couplets, qui racontent toute l'histoire : la peste, le moine qui a une révélation divine, le vœu, la procession qui s'organise… et qui se fait toujours.

On traverse la Place Gambetta, le pont Choisinet pour passer la Corrèze, et aussitôt c'est la célèbre montée vers l'Alverge. On me dit, en marchant qu'il n'y a pas si longtemps, toutes les maisons de l'Alverge étaient, ce jour-là, ornées de fleurs. J'y ai vu aussi, il y a quelques années, des pétales jonchant la route pour honorer saint Jean.

On m'avait raconté aussi, qu'une fois, c'était il y a longtemps, il pleuvait si fort à la Lunade qu'en montant l'Alverge, un homme bien connu du quartier s'était écrié : « Ils ont brûlé la Jeanne, vous allez noyer le Jean ! ». Rire général.

Nous sommes arrivés justement à cette première belle croix où saint Jean reçoit son lys. L'assistance est recueillie et joyeuse à la fois. De croix en croix, elle écoutera « bien dévotement », comme on disait jadis, les paroles des abbés Nicolas et Bernard et les chants de la chorale.

De croix en croix, les pélerins et pèlerines se joignent aux chants, chapelet, litanies, Ave Maria. Les abbés ne manquent pas de souligner, aux reposoirs, que le don de fleurs par les personnes qui les ont ornés, est le symbole du partage et de la protection que saint Jean apportera ainsi à toutes les maisons.

Mais voici qu'à la croix des Fages, une belle surprise nous attend : des mariés, accompagnés d'un petit garçon habillé de blanc lui aussi  ! Un mariage ? Non : un anniversaire de 10 ans de mariage, pour ce très jeune et joli couple, et le renouvellement de leur engagement. L'abbé Nicolas les a bénis. C'était beau et très émouvant.

Saint Jean est ensuite reparti vers les reposoirs de la Brège, Champs Lagarde, La Bachellerie… toujours magnifiquement décorés.

Peut-être l'assistance a-t-elle remarqué la présence, cette année, de “pélerines” pas tout-à-fait habituelles, qui interrogeaient, enregistraient, filmaient… C'est encore un secret, mais plus pour longtemps puisque se préparent, pour la rentrée, une exposition de sept artistes accompagnée d'un livre (une très longue histoire) sur cette célèbre Lunade… On vous en dira plus très bientôt…

Devant la cathédrale, un feu de saint Jean nous attendait dans une vasque. Jadis, on y passait à la flamme le bouquet qu'on rapportait de la Lunade. Les plantes auraient ainsi plus de vertus.

On passa rituellement sous saint Jean, ou toucha son manteau… en attendant l'année prochaine.

Oui, ce fut, encore une fois, une très belle Lunade.

M. F. Houdart

 

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