Rencontre avec Don Régis Sellier — Diocèse de Tulle

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Rencontre avec Don Régis Sellier

Publié le 01/12/2020
Préparer les fiancés est un art délicat : il faut leur donner les bases pour construire un couple solide et fructueux, tout en profitant de ce temps pour annoncer le Christ à des personnes parfois très éloignées de la foi. Rencontre avec Don Régis Sellier qui nous explique comment les communautés locales de Brive et des alentours relèvent ce défi.

PREPARER LES FIANCES EST UN ART DELICAT : IL FAUT LEUR DONNER LES BASES POUR CONSTRUIRE UN COUPLE SOLIDE ET FRUCTUEUX, TOUT EN PROFITANT DE CE TEMPS POUR ANNONCER LE CHRIST A DES PERSONNNES PARFOIS TRES ELOIGNEES DE LA FOI. RENCONTRE AVEC DON REGIS SELLIER QUI NOUS EXPLIQUE COMMENT LES COMMUNAUTES LOCALES DE BRIVE ET DES ALENTOURS RELEVENT CE DEFI.

Pouvez-vous nous expliquer comment se passait la préparation au mariage à votre arrivée, il y a quatre ans maintenant. Pourquoi vous avez souhaité la faire évoluer ?

Chaque prêtre fonctionnait différemment. Soit ils recevaient beaucoup seuls, soit ils avaient une équipe d'un ou deux couples. Pour ma part, il m'a semblé judicieux de fédérer ce qui pouvait l'être pour le bien commun. Les prêtres et les laïcs vivent un partenariat que je trouve assez intéressant, à savoir qu'il y a ce que l'on appelait autrefois un C.P.M., un Centre de préparation au Mariage. Et l'ensemble des fiancés se retrouvent là avec des couples et un prêtre accompagnateur, pour vivre des enseignements, des carrefours, des temps de convivialité, de prières. Parallèlement, le prêtre ou le diacre qui présidera la liturgie du mariage le moment venu les rencontrent en tête-à-tête.

 

Comment s'est passé le processus d'élaboration, d'évolution de cette nouvelle façon de faire ?  Est-ce que les changements ont été impulsés par les prêtres, les équipes de laïcs ?

Il existait déjà des chrétiens engagés bien sûr. Ces couples déjà en place, nous les avons rencontrés. J'ai été impliqué en première ligne avec mes frères quand nous sommes arrivés. Nous avons décidé ensemble que l'un d'entre nous les suivrait de plus près. Et nous devions nous rencontrer au moins une fois par an pour un bilan avec l'équipe des ministres ordonnés et des chrétiens qui suivent les couples en préparation. Je trouve que cela s'est passé d'une manière assez simple et harmonieuse. Des couples ont arrêté, d'autres ont recommencé. Dans l'équipe qui préexistait, il y a encore quelques uns qui sont encore là. La transition s'est faite naturellement.

 

Quel parcours type d'un couple qui va toquer à la porte de l'Église ?

D'abord il passe à l'accueil pour ne pas passer à côté de choses capitales, notamment sur les plans administratif et juridique. Notre secrétariat les met en relation avec un secrétariat spécial qui suit de A à Z le dispositif. Par exemple, il faut s’assurer de l'état libre de quelqu'un, savoir s’il a déjà été marié, par exemple avec quelqu'un de non baptisé. Ce type de mariage a une valeur très grande aux yeux de l’Église, on ne peut le casser. Des choses comme celles-là, il faut les avoir débusquer au départ.

Outre l’aspect administratif et juridique des pièces à fournir, le secrétariat du mariage leur donne une feuille « Mariage mode d'emploi » : par exemple, les lecteurs doivent croire en ce qu'ils vont lire et être catholiques, il faut éviter des musiques complètement désinvoltes et décalées, etc. Le prêtre reprend ce travail nécessairement. Mais s'ils ont lus les documents, ils savent ce qu'on va leur demander.

Ensuite ils rencontrent le C.P.M. , avec plusieurs couples qui se relaient. Ce sera plusieurs soirées, parfois, ce sera une messe des fiancés le matin avec un pique-nique où on les accueille. Il y a des thèmes, guidés par un livret avec un parcours. Un prêtre accompagne les laïcs, mais ce sont eux qui font les topos et mènent les carrefours.

Depuis 25 ans que je suis prêtre, je trouve la soif considérablement accrue, ils attendent beaucoup plus qu'au départ. C’est assez normal parce qu'ils sont loin de l’Église. Tout est nouveau. Ils se disent : j'ai soif de quelque chose de très grand, de sacré et seule l’Église y répond. Ils découvrent que cela va encore au-delà et ils ont envie d'aller plus loin. Le problème, c'est qu'après souvent ils sont repris par la vie. Et s'ils n'ont pas pris un pied dans la vie de l’Église, on n’arrive pas à aller plus loin.

 

Justement, a-t-on le temps  de voir les personnes cheminer durant ce parcours au temps assez limité ?

Quand j'ai commencé en ministère, le temps en question était bien plus court : les gens étaient reçus une première fois pour ouvrir le dossier, une deuxième fois pour parler des chants et éventuellement une troisième fois dans l'église pour répéter sur place. C'était dans les années 90, ce n'est pas si vieux.

Sauf exception, nous n'avons pas de préparation au mariage de moins d'un an. Les gens aujourd'hui s'organisent différemment : ils réservent le lieu bien longtemps à l'avance. Nous avons bénéficié de cet aspect pratique.

Souvent, ce sont des familles déjà construites assez loin de la vie sacramentelle, liturgique, communautaire de nos paroisses. Je trouve que c'est un très beau défi, un défi missionnaire : on devrait aller les chercher dans la rue, ils viennent à nous. Il faut reconnaître qu'en 2020 pousser la porte d'un presbytère, quand on n'a jamais vu un prêtre de sa vie pour l'un des deux, voire les deux, est courageux. Il faut vraiment très bien soigner leur arrivée. Oui, ils font du chemin, c'est sûr, mêl si parfois, après le mariage il faut attendre le baptême du premier pour les retrouver. Autre frustration : on a une foule devant nous qui n'a pas fait le cheminement des fiancés, d’où un certain décalage. Mais avant de voir cela, je considère vraiment comme une grâce merveilleuse la préparation qui suit le cheminement. Pour rien ne vous cacher, j'aime beaucoup ce ministère. Il y a des couples qui vont aller très loin. L’année dernière, plusieurs couples sont devenus vraiment pratiquants réguliers du dimanche. Vraiment, cela a été une transformation.

 

Qu'est-ce qui pourrait rendre ce parcours plus évangélisateur qui ne l'est actuellement ?

Il faudrait avoir moins d'hésitation et mieux organiser une préparation aux sacrements qui manqueraient comme la Confirmation. Parce que c'est une occasion de montrer à ces jeunes à quel point on les prend au sérieux. Par exemple, on devrait se marier en ayant reçu la réconciliation sacramentelle. Cela peut être très mal compris si on leur présente comme quelque chose plus de l'ordre de la prison et de la discipline que de la délivrance et de la guérison. Arriver au mariage le coeur libéré de ce qui vous avez entravé avant et qui vous avait meurtri et en avait meurtri d'autres, qui peut dire que ce n'est pas opportun ?

 

Vous êtes aussi aumônier des E.N.D. et des Associations Familiales Catholiques. Ces deux mouvements accompagnent les familles dans leur cheminement. Est-ce qu'aujourd'hui, il y a un lien entre ces deux organisations par exemple et la préparation au mariage ?

En étant pragmatique, il y a une coïncidence, une corrélation évidente : ceux qui cherchent à approfondir la grâce du sacrement de leur mariage pour le vivre le mieux possible et de mieux en mieux sont ceux qui s’impliquent dans l’accompagnement des couples. Par exemple, c'est le propos d'un mouvement comme les END de conduire les âmes à l’oraison. Ayant été saisis par le Christ, ils veulent le proposer, dans l’accompagnement des fiancés ou ailleurs.

 

Propose-ton à ceux qui se préparent au mariage de rejoindre ce type de mouvement à la fin de cette préparation ?

Je pense que tous les prêtres font dans la démarche de préparation au mariage proposent à un moment un investissement. Mais dire qu'il existe des mouvements pour approfondir ne veut pas dire que les fiancés vont prendre du service de jour au lendemain. On entend parfois des confrères parler du Service après-vente. Cela ne serait pas juste de réduire les mouvements à ça, mais dire qu'ils existent parmi les possibilités dans une paroisse, dans un espace missionnaire, comme une grâce pour ceux qui le voudraient. Oui, je ne m'interdis pas d'en parler. Il y a plein d'autres possibilités paroissiales, d'autres mouvements aussi. Ce n'est pas exclusif, bien sûr. Il n’y a pas de formules toute faite, simplement un discernement au cas par cas, avec le désir de faire connaître le Christ.

 

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