Ostension des reliques de saint Etienne à Aubazine, dimanche 15 mars — Diocèse de Tulle

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Ostension des reliques de saint Etienne à Aubazine, dimanche 15 mars

Publié le 09/03/2020
C’est une tradition interrompue depuis plus de 50 ans qui est remise au goût du jour à Aubazine. Le 15 mars prochain, à 11h, Mgr Nicolas Risso, vicaire général et curé, procèdera dans le cadre de la liturgie dominicale à l’ostension des reliques de Saint Etienne d’ Aubazine.

L’abbaye d’Aubazine doit son abonnement à la figure attachante de ce moine du 12ème siècle, né en Corrèze qui fonda et édifia l’abbaye d’Aubazine. Depuis lors, l’abbaye connut un rayonnement sans précédent, elle est souvent au carrefour de l’histoire de France qui s’écrit avec un grand «  H ».

Tout au long du Moyen Age, elle est un de ces lieux de modernité exceptionnelle, tant sur les plans humain, intellectuel qu’économique. Premier et unique monastère double d’hommes et de femmes, gouverné par le même abbé dans le royaume. L’abbaye se distingue sur le plan économique en devenant un centre de production agricole innovant (irrigations , moulins , etc...) , elle devient un vecteur déterminant du développement économique et de solidarité en Quercy, Limousin et Périgord.

La figure d’Etienne d’Aubazine est alors présentée comme le Saint Patron d’activité économique.

A l’époque moderne, le monastère devient le lieu de formation des jeunes moines. La transformation des bâtiments donne à l’ensemble du monastère sa physionomie actuelle. Elle devient un centre intellectuel central pour l’Aquitaine. Dès le 17ème siècle, les moniales du Coiroux s’émancipent de la tutelle masculine. Elles inventent une nouvelle forme de vie religieuse urbaine. Elles s’installent à Tulle (Clos-Saint Bernard) actuellement site de la préfecture. Cette «  translation »  s’inscrit dans le cadre de la rénovation de l’ordre des femmes qui trouve dans le mouvement de Port Royal des champs, un de ces premiers lieux de résistance à l’absolutisme royal !

Au 19ème siécle, le monastère devient un orphelinat où les sœurs contribuent par leurs œuvres sociales à éduquer et former des jeunes filles. Parmi elles, une certaine Gabrielle Chanel. Ces mêmes sœurs qui, lors du dernier conflit mondial, cachèrent et sauvèrent aux périls de leur vie des enfants juifs et leurs familles. Au XXIème siècle, le monastère reste sous le signe de l’actualité, hébergeant une communauté melkite originaire de Syrie et du Liban !

L’église abbatiale est aujourd’hui un lieu de culte et de culture où se rencontrent à la fois le génie du fondateur et la nouveauté qu’il inspire. Etienne d’ Aubazine est le protecteur de cette cité et le patron de tous ceux et toutes celles qui savent entreprendre. Tout un symbole en ce jour d’élections municipales !

 

 Vie d’ Etienne d ‘Aubazine

 

La vie de saint Étienne a été rédigée trois fois : le premier livre date de 1166 environ, sous l’abbatiat de Géraud, disciple et successeur immédiat d’Étienne ; le second et le troisième de 1180 environ. Il reste aujourd’hui de la vie de saint Étienne deux manuscrits et une transcription de manuscrit tardive : un manuscrit du XIVe siècle qui contient uniquement la Vita Stephani (Vie de saint Étienne) et appartenait à la bibliothèque de Cîteaux (il est aujourd’hui conservé aux Archives générales de Navarre à Pampelune). Un manuscrit du XIIIe siècle qui contient 41 récits hagiographiques et appartenait également à la bibliothèque de Cîteaux (il est aujoud’hui conservé à la bibliothèque municipale de Dijon sous la cote ms n° 646 (386) ) ainsi qu’une copie de l’érudit corrézien Étienne Baluze, du XVIIe siècle, à partir d’un manuscrit conservé à l’époque à l’abbaye d’Aubazine et qui en a disparu depuis. (BALUZE (Étienne), Miscellanorum liber quartus Paris, 1683, p. 69-204). Le récit a été reconstitué par l’historien médiéviste Michel Aubrun. Il permet non seulement de connaître la vie d’Étienne mais de suivre, de façon très vivante, la création et le développement d’une communauté religieuse au XIIe siècle.

Étienne était originaire du petit village de Vielzot (Auriac), dans la Xaintrie (région de la Corrèze actuelle située à l’est de la Dordogne, contre le Cantal). Sans être très riches, ses parents possédaient assez de biens pour subvenir à leurs besoins. Ils confièrent l’instruction d’Étienne à des maîtres d’école.

À la mort de son père, Étienne devint prêtre tout en prenant sa famille en charge. Il se mit à jeûner souvent, à veiller tard pour prier Dieu. Ses prédications rencontraient un vif succès, mais lui n’aspirait qu’à se retirer du monde. Avec un compagnon, Pierre, il décida de faire ses adieux à leur entourage, offrit un grand repas, distribuant les restes aux pauvres, puis quitta sa terre natale, nu-pieds comme un exilé. Après avoir rendu visite à plusieurs ermites dont ils sollicitèrent les conseils, les deux compagnons arrivèrent dans le pays boisé d’Aubazine. Ils s’installèrent non loin du village de Pauliat. Là, ils se nourrissaient de racines et de pousses tendres qu’ils pouvaient trouver dans ce lieu désert et menaient une vie extrêmement rude. Puis des bergers les découvrirent et commencèrent à parler d’eux. Bientôt, nombreux furent ceux qui leur rendirent visite, apportant de la nourriture et recevant en retour des paroles de salut. Étienne et Pierre finirent par construire une petite cabane en bois couverte d’un toit de branchage où, nuit et jour, ils priaient et chantaient les psaumes. L’apparence d’Étienne laissait du reste clairement deviner à quels traitements il se soumettait : jeûne, veilles, travaux…

Au bout de quelques temps, Étienne et Pierre furent rejoints par d’autres compagnons, désireux comme eux de mener une vie austère. Ils partageaient le temps entre le chant de l’office et le travail manuel. Étienne lui-même vaquait aux travaux de la cuisine : cueillir les légumes, les préparer, apporter et fendre le bois, aller chercher de l’eau, assurer la cuisson et apporter à ses compagnons leur repas lorsqu’ils travaillaient à l’extérieur.

Devant l’afflux de nouveaux compagnons en nombre, Étienne chercha un site plus approprié et plus vaste. Sur un promontoire accessible de toutes parts, Étienne et ses compagnons construisirent des bâtiments plus importants que les précédents, sur le modèle d’un monastère avec : une chapelle, un dortoir, un réfectoire, une cuisine et, au milieu, un cloître. Le jour, ils se consacraient aux activités agricoles, travaillaient la terre avec des pioches la débarrassant entièrement de son épaisse couverture d’arbres épineux et de broussailles stériles pour agrandir bâtiments et jardins. Ils édifiaient eux-mêmes les bâtiments, brisaient avec des masses les pierres arrachées à la montagne et les portaient sur leurs épaules jusqu’au chantier. Les religieux les plus fragiles ou inaptes à ce genre de travaux étaient occupés à la copie des livres ou à des travaux moins pénibles. Les frères se réunissaient chaque jour dans la salle capitulaire après la messe. Là, en présence de l’abbé, ils s’entretenaient du fonctionnement de la communauté, et l’on décidait de ce qu’il fallait faire pour remédier à ce qui n’allait pas. Ensuite, si tel ou tel se sentait coupable d’une faute, il se dénonçait et recevait une punition plus ou moins lourde selon la gravité de la faute. Le dimanche, ils se consacraient entièrement aux lectures et à la célébration de la messe. Ils allaient en procession autour du cloître.

En 1147, Étienne profita de la visite du pape en France pour faire reconnaître sa communauté et obtint son affiliation à l’ordre de Cîteaux. Il revint de Cîteaux avec quelques moines et convers qui aidèrent les religieux d’Aubazine à améliorer leur installation. La décision fut prise de construire un nouveau monastère, juste en contre-haut de l’ancien, devenu trop petit. Le chantier débuta en 1156.

Étienne entreprit aussi de construire un monastère pour la communauté de femmes qui l’avait rejoint, non loin de celui du monastère d’hommes, au fond de la vallée, sur une terrasse dominant le ruisseau du Coiroux. Une fois entrées, les moniales n’en sortaient qu’à leur mort. Les frères pourvoyaient à tous leurs besoins.Étienne mourut en 1159.

Au XIIIe siècle, sa dépouille fut exhumée et ses reliques placées dans le tombeau sculpté installé dans le bras sud du transept de l’abbatiale.

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