Entretien avec le père Cyprien Sagna — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Entretien avec le père Cyprien Sagna

Publié le 01/09/2020
Avant de rentrer au Sénagal, le père Cyprien Sagna a bien voulu prendre le temps de faire le bilan avec nous. Retrouvez ici l'interview complète. Un extrait est publié dans le numéro de septembre de la revue Église en Corrèze.

Prêtre du diocèse de Ziguinchor (Sénégal), l’Abbé Cyprien Sagna est arrivé en France en juillet 2016, en tant que prêtre Fidei Donum (envoyé en mission dans un autre diocèse). Ayant d’abord desservi la communauté locale de Malemort, Les Chapélies, Cosnac, Chapelle aux Brocs, Vénarsal et Dampniat, de 2015 à 2017, il a été ensuite affecté à Objat, s’occupant plus particulièrement, depuis deux ans, de la communauté locale de Vigeois, Saint-Ybard, Masseret, Benayes, Lamongerie, Salon la Tour, Uzerche, Condat-sur-Ganaveix, Eyburie, Espartignac et Perpezac-le-Noir. Il arrive à la fin de son séjour en France et s’apprête à rentrer chez lui. L’occasion pour nous de l’interroger sur ce temps de mission en France.

Pouvez-vous nous expliquer comment un prêtre du Sénégal a fini par quitter son pays, sa famille et ses amis et atterrir dans notre diocèse ?

Oui. En 2015, notre évêque, Mgr Francis Bestion, était venu à Ziguinchor, ordonner prêtres des jeunes appartenant à ce diocèse de Ziguinchor. Et dans son homélie, il s’est réjoui d’avoir eu la grâce d’ordonner prêtres des jeunes pour la première fois, après sa consécration épiscopale. Cette grâce été pour lui une occasion, dans son homélie, de demander à mon évêque, Mgr Paul Abel Mamba, de lui faire la grâce de revenir, avec un ou deux prêtres comme Fidei Donum, car il manquait de prêtres ici en Corrèze. À la demande de mon évêque, j’ai ainsi tout quitté pour atterrir dans ce diocèse de Tulle où j’ai trouvé de nouveaux amis, une nouvelle famille, et l’Église. Je saisis ce petit moment d’échange pour dire merci aux deux évêques, Mgr Francis Bestion et Mgr Paul Abel Mamba, de m’avoir fait confiance et permis de venir vivre une expérience à travers cette mission qui est et demeure celle de l’Église-famille de Dieu.

Nous savons que les différences de mentalité peuvent être importantes entre l’Afrique et l’Europe. Comment avez-vous vécu votre arrivée ici ? Avez-vous éprouvé ce que l’on appelle un « choc culturel » ?

Les différences de mentalité entre l’Afrique et l’Europe sont importantes. J’ai vécu mon arrivée ici comme une grâce qui m’est donnée de m’ouvrir à ce pays qui m’a accueilli, à sa culture et m’enrichir. Cette richesse suppose une différence. J’ai vécu mon arrivée ici avec joie. Ce qui ne m’a pas empêché d’éprouver le « choc culturel ». Mais c’est à travers ce « choc » vécu avec humilité et amour que naît cette richesse. Cette tension, qui n’est pas une quelconque tension, est donc porteuse de richesse, toute culture ayant ses valeurs. C’est à travers cette rencontre-choc que les cultures s’enrichissent mutuellement.

Quelles furent vos difficultés et vos joies durant ce temps ?

Les difficultés durant ce temps, furent la tension et les incompréhensions qu’elle engendre forcément d’une part ; et mes joies sont les compréhensions mutuelles qu’elle engendre d’autre part, la sortie de soi pour cheminer ensemble avec les autres, en Église ; et la fraternité qu’elle consolide. Avant tout, ce qui est ma joie, c’est d’avoir trouvé une Église, des familles, des Communautés paroissiales qui ont la joie d’accueillir, de servir.

En tant que prêtre, que pensez-vous que votre passage ici ait pu vous apporter ?

En tant que prêtre, je pense que mon passage ici m’apporte une chose très importante : repartir avec une autre mentalité différente de celle de là d’où je suis venu et où je repars. L’articulation de ces deux mentalités m’enrichit humainement et spirituellement.

Quelle est la mission qui vous attend au Sénégal ?

Je serai un des vicaires dans une paroisse à Ziguinchor. Et la mission qui m’y attend, est celle de transmettre gratuitement cette richesse reçue gratuitement, à travers la Parole de Dieu que je dois annoncer, l’Eucharistie que je dois célébrer, dans un esprit de manifester l’amour de Dieu à tout homme que je rencontre.

Avant de partir, quel serait le dernier mot que vous souhaiteriez dire aux chrétiens de Corrèze ?

Avant de partir, le dernier mot que je souhaiterais dire aux chrétiens de Corrèze, c’est merci, au revoir. Un merci précédant un au revoir qui voudrait laisser un petit mot de plus : ne jamais avoir honte de croire en Jésus-Christ, se laisser toujours animer par la joie qui naît de cette rencontre et annoncer l’Évangile avec joie, conviction et assurance. Aimer profondément l’Église que nous sommes : elle est intimement unie au Christ, elle est son Peuple, son Épouse, son Corps. Ceci dit, aimer aussi le monde comme le Christ l’a aimé jusqu’à se livrer sur la Croix pour son salut (du monde). C’est là être disciple-missionnaire, notre témoignage.

Mots-clés associés :