Pourquoi vénérer des reliques ? — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Pourquoi vénérer des reliques ?

Publié le 19/09/2017
Les 23 et 24 septembre 2017, pour célébrer l'ouverture du jubilé diocésain, les reliques de saint Martial seront portées à la vénération des fidèles. Explications et sens de cette pratique pour notre vie chrétienne aujourd'hui.

Cette pratique très ancienne consiste à présenter à la vénération des fidèles les reliques[1] d’un saint. Notre diocèse en est peu familier. C’est l’occasion de nous interroger sur ses origines et son sens.

Quelques repères 

Nous pouvons nous appuyer sur les repères donnés par le Directoire sur la piété populaire et la liturgie (DPPL) au n° 210 : « Jésus-Christ, avec le Père et l’Esprit-Saint est célébré comme le seul Saint »[2].

A propos de l’Eglise et des saints, nous lisons ceci : « Grâce à l’action de l’Esprit de sainteté, l’Église, bien qu’elle soit composée d’hommes pécheurs, par la présence en elle de Jésus-Christ , est parée sur la terre d’une sainteté encore imparfaite mais véritable. Selon le témoignage des Écritures, les membres de l’Église sont appelés des ‘saints’ (par ex : 1 Co 6,1)[3] ». Il leur est donné d’être participants de la sainteté du Christ.

Ainsi Dieu seul est Le Saint, mais, par pure grâce, il nous donne de participer à sa sainteté.

Le culte des saints et la vénération des reliques : une pratique qui remonte aux premiers martyrs 

Ce que nous venons de dire est tout particulièrement vrai pour les martyrs. Pendant les persécutions des débuts de l’Église, le martyre est en effet considéré comme la plus haute forme d’appartenance au Christ. Les martyrs ont en effet communié dans leur chair au mystère de sa mort et de sa résurrection. En les honorant, on honore l’action du Christ en eux. Ils Lui sont ainsi en quelque sorte identifiés, au point qu’on les invoque. C’est là l’origine du culte des saints.

 A la vénération des martyrs est associé le culte de leurs reliques. Dans les évangiles, on voit que toucher Jésus ou toucher ce qui lui appartient (par exemple ses habits) permet d’être guéri. De la même façon, en touchant ce qui a appartenu à un martyr, les premiers chrétiens trouvent force et courage, ils s’associent à ses mérites et demandent son intercession. C’est pourquoi ils recueillaient précieusement les restes de leurs corps. C’est là l’origine de la vénération des reliques.

Evolution de la compréhension courante de ce qu’est un Saint  :

Aujourd’hui, le mot « saint » désigne des personnes en qui l’Eglise a discerné un reflet tout particulier de la sainteté du Christ. C’est ce que la liturgie nous fait dire :  « Lorsque Tu couronnes leurs mérites, Tu couronnes tes propres dons » (1ère préface des saints).  Leur canonisation atteste qu’elles sont déjà entrées dans la béatitude éternelle. Elles vivent dans la pleine communion avec Dieu et contemplent déjà sa lumière. Leur vie nous est donnée en exemple. Nous sommes invités à leur demander de prier pour nous afin que nous nous laissions travailler par l’Esprit pour cheminer comme eux vers une charité toujours plus accomplie.

Un saint  est un guide et un appui pour  « passer vers Dieu » :

Il faut d’ailleurs noter que la date de la commémoration d’un saint est celle de sa naissance dans la vie éternelle (son dies natalis = jour de naissance ) et non celle de sa naissance sur terre. Nous faisons ainsi mémoire de sa Pâque vers Dieu à la suite du Christ, de son transitus (= passage). Cela nous dit quelque chose d’important sur le sens de la vénération des saints. En effet, il ne s’agit pas seulement de faire mémoire, de prendre exemple, mais aussi de se situer dans leur sillage et avec leur aide dans un cheminement incessant vers le Royaume, vers cette vie éternelle qui nous est promise. Notre vie est alors vécue comme un pèlerinage.

Ce que nous allons vivre ensemble le samedi 23 septembre.

Par la procession solennelle dans la ville, nous allons justement marcher derrière la châsse contenant des reliques de St Martial. Mais cette même châsse suivra la croix du Christ car c’est Lui qui nous a ouvert les portes du ciel. Ainsi, avec notre corps, nous dirons que nous sommes en marche vers le Royaume, vers la vie éternelle, dans le sillage du Christ et de Martial. Nous témoignerons aussi au grand jour de notre foi.

A l’entrée dans la cathédrale, en chantant la litanie des saints, nous élargirons notre prière à toute l’Église du ciel.

L’adoration eucharistique nous donnera d’adorer le Christ, source de toute sainteté. Par les vêpres, nous serons unis à Sa prière.

Puis viendra le moment de l’ostension elle-même. La coupe reliquaire contenant le crâne de St Martial sera montrée aux fidèles afin qu’ils vénèrent cette relique du saint.

 

Par ce geste, nous pourrons rendre grâce pour la vie de St Martial, évoquer sa condition humaine et en faire mémoire. C’est avec son corps que Martial a agi, pensé, prié, travaillé, annoncé l’Évangile en Aquitaine et en Limousin au cours du 3ème siècle après Jésus-Christ[4]. A travers ces signes fragiles, Dieu a  manifesté sa Présence et montré sa Gloire.

Nous avons pour ces reliques une attitude de vénération car l’identité ultime de Martial va bien au-delà de cette vie charnelle, aussi importante soit-elle. Depuis sa mort, nous le croyons entré dans la plénitude de la communion avec Dieu. Là, il peut intercéder pour nous. En 994, l’ostension des reliques de St Martial et la prière des fidèles sauvent la ville de Limoges du Mal des Ardans[5].  Outre ces demandes de guérison, nous pourrons plus particulièrement le prier d’intercéder auprès de  Dieu afin qu’il fasse de nous ici et maintenant des évangélisateurs pour notre monde d’aujourd’hui.

La vénération des reliques nous livre un message essentiel sur notre vie et son horizon :

Vénérer des reliques nous rejoint dans notre vie concrète aujourd’hui et nous met en chemin vers la vie éternelle . Nous sommes rejoints dans notre condition charnelle : avec notre corps, nous marcherons, nous chanterons, nous verrons, nous toucherons. Cette démarche nous engage à déployer toutes nos potentialités humaines, si belles et si riches. Elle nous invite à un grand respect pour notre corps, temple de l’Esprit-Saint.

Mais, puisque nous sommes promis à la vie éternelle, cette vie ici-bas n’est que pèlerinage et nous sommes surtout appelés à prendre le plus grand soin de notre vie spirituelle. Sur ce chemin, la prière des saints  nous accompagne et nous soutient.

 

Que notre vie soit toujours plus le lieu de l’accueil actif de l’œuvre de l’Esprit en nous !

 

Odile Peyre

Service de liturgie du diocèse de Tulle, 2017

 

[1] littéralement « ce qui reste »,  des parties d’un corps d’un saint ou des objets lui ayant appartenu

[2] C’est bien ce que nous chantons chaque dimanche à la messe : « Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu de l'univers ».

[4] St Martial a été le premier évêque de Limoges. Il est très vite considéré comme un saint

[5] Sorte de peste qui ravage la population d’Aquitaine. 

Mots-clés associés :