23 septembre 2017 - Ouverture du Jubilé des 700 ans — Diocèse de Tulle

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23 septembre 2017 - Ouverture du Jubilé des 700 ans

Adoration du Saint-Sacrement Vêpres et ostension des reliques de St Martial - Cathédrale de Tulle

                   Frères et sœurs,

                   Bienvenue chez vous dans cette cathédrale où nous avons la joie d’avoir avec nous Mgr Pierre-Antoine BOZO, évêque de Limoges (qui débute son ministère épiscopal) et Mgr Georges COLOMB, évêque de la Rochelle et Saintes ; tous deux font partie, comme le diocèse de Tulle, de la Province ecclésiastique de Poitiers. Un autre évêque est là, Mgr Jean-Yves RIOCREUX, évêque de Basse-Terre (Guadeloupe) qui nous fait aussi la joie de sa présence ; il connaît bien le diocèse de Tulle, parce que son oncle, Mgr Brunon, fut évêque de Tulle et lui, qui était alors séminariste, venait lui rendre visite. Son diocèse vient d’être éprouvé par les ouragans Irma et Maria. J’ai été en contact avec lui tous ces jours derniers, pendant lesquels il n’a pas ménagé sa peine pour être proche de ses diocésains, surtout à St Martin et St Barthélemy. Merci chers frères évêques de votre présence ce soir et demain.

         Je salue la présence du représentant de M. le Maire de Limoges, du curé de la paroisse St Michel, le Père Vignerat, du 1er bayle de la Grande confrérie de St Martial, M. Barrateau – tous les trois ont ouvert la châsse il y a quelques instants avec Mgr Bozo. Je salue aussi les autres membres de la Grande confrérie et les membres de la Confrérie des porteurs de la châsse. Merci, chers amis, de votre présence.

         C’est une première que la châsse de saint Martial sorte de Limoges pour venir jusqu’à Tulle et nous mesurons tous l’honneur que vous nous faites. M. Barrateau doit se souvenir de la demande que je lui avais faite il y a un, lors des ostensions à Limoges. Ce n’était alors qu’un projet, pour ne pas dire un rêve, que les reliques de saint Martial puissent venir à Tulle… Aujourd’hui, le rêve est devenu réalité, grâce à la bonne volonté de tous et au travail de tous, et c’est pour nous une très grande joie.

 

         Ouvrir notre année jubilaire des 700 ans de la création du diocèse de Tulle, en mettant en exergue la figure de saint Martial est tout un symbole. Nous vivons ce soir et nous vivrons demain un événement qui s’inscrit dans la longue histoire de l’Eglise en Limousin et de l’Eglise qui est ici à Tulle, en Corrèze. C’est un événement qui s’inscrit dans l’histoire et en même temps qui transcende en quelque sorte l’histoire. En effet, le témoignage de saint Martial et de tous ceux qui l’ont suivi et lui ont succédé jusqu’à ce jour, de toute la longue chaîne de chrétiens en Limousin, témoignage de foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité, n’est pas seulement ni même d’abord une œuvre humaine, comparable à toutes les œuvres qui font l’histoire humaine, mais une œuvre divine, une œuvre qui appartient au plan divin du Salut dont la Source est le cœur même de Dieu, c’est-à-dire l’Amour trinitaire.

         Si l’Evangile est arrivé dès les premiers siècles de l’Eglise, depuis Jérusalem jusqu’en ces contrées lointaines de l’Aquitaine, du Limousin, avec celui qui en fut l’Apôtre, saint Martial, 1er évêque de Limoges, et avec lui d’autres évangélisateurs, c’est grâce à leur zèle certes, mais surtout parce que l’Esprit de Pentecôte avait soufflé sur l’Eglise des Apôtres, l’Eglise naissante. A tel point que l’Evangile a pu commencer sa course extraordinaire. La Bonne Nouvelle du Salut en Jésus-Christ s’est répandu dans l’Empire romain et, de siècle en siècle, elle est parvenue jusqu’aux extrémités de la terre, en passant chez nous.

         La figure de saint Martial nous rappelle que l’Evangile, la foi, n’ont pas commencé chez nous en 1317, lors de la création du diocèse de Tulle. Le 1er évêque, Arnaud de Saint-Astier, s’inscrivait dans la succession apostolique, c’est-à-dire la succession des évêques depuis les Apôtres. Et moi-même comme 55ème évêque de Tulle, je m’inscris dans cette succession apostolique, à la suite de saint Martial.

         L’événement de ce jour commémore la création du diocèse par le pape Jean XXII, mais, de ce fait même, il nous fait remonter aux sources de notre foi, dont saint Martial est le premier témoin ; l’Evangile qu’il apportait ne venait pas de lui ; il l’avait lui-même reçu ; et, en tout premier lieu, il venait de son auteur, Jésus-Christ, le Fils de Dieu, par l’Esprit que le Père et son Fils avaient répandu sur l’Eglise. Chers amis, nous ne commémorons pas simplement un événement de l’histoire, comme on commémorera l’an prochain les 100 ans de l’armistice de 1918. Nous ne sommes pas une assemblée d’historiens. Nous somme le peuple de Dieu en marche dans l’histoire, nous sommes le Corps du Christ et le Temple de l’Esprit. Nous ne sommes pas non plus des idolâtres de reliques, fussent-elles celle de notre père dans la foi ; nous sommes des adorateurs du Dieu saint, qui a fait Alliance avec son peuple, qui s’est incarné en son Fils, lorsque les temps furent accomplis – lequel Fils a donné sa vie sur la croix pour notre salut, est ressuscité d’entre les morts, est vivant à jamais et actualise pour nous, aujourd’hui, son mystère de salut, dans la liturgie que nous allons célébrer, l’Office divin et l’adoration du Saint-Sacrement de son Corps et de son Sang.

         En vénérant les reliques de saint Martial, notre père dans la foi, nous rendons grâce au Saint des Saints, Dieu lui-même. Nous reconnaissons les merveilles qu’il a accompli par son évangélisateur et pasteur Martial, par tous ses successeurs, par la foule innombrable des baptisés qui se sont succédés en Limousin, et ici dans le diocèse de Tulle ; nous rendons grâce d’avoir nous-mêmes reçu ce don de la foi. A la suite de Martial et de tous les saints de notre terre limousine, nous voulons être des disciples-missionnaires, des amis et des apôtres de Jésus.

         L’année jubilaire qui s’ouvre ce soir et demain, en nous reliant à nos racines chrétiennes, et primordialement aux sources du salut pour y boire abondamment, cette année nous tourne résolument vers l’avenir pour un nouvel élan de foi, d’espérance et de charité.  Tout naturellement, elle s’inscrit dans la suite de la promulgation des Orientations pastorales diocésaines, en octobre dernier, dans une perspective résolument missionnaire, comme nous y invitait le pape François dans son exhortation La joie de l’Evangile. L’année jubilaire doit nous faire entrer toujours plus en profondeur dans le mystère du Christ et le mystère de l’Eglise pour qu’aujourd’hui l’Evangile soit annoncé à tous les hommes et les femmes de notre temps, de notre terre corrézienne, comme ce que nous avons de meilleur à leur offrir. A la suite de saint Martial, de saint Martin de Tours, notre patron, du martyr saint Martin de Brive, de saint Léonard, de saint Ferréol, de saint Etienne d’Obazine, du bx Jacques Lombardie, de saint Pierre Dumoulin Borie et de tant d’autres dont les noms sont inscrits dans les cieux, nous voulons être des disciples-missionnaires du Christ dans une Eglise en sortie, selon l’expression du Saint-Père, c’est-à-dire une Eglise qui avance au large pour jeter les filets, quels que soient les conditions et les moyens dont nous disposons. Nous ne sommes ni l’Eglise des catacombes ni celle des citadelles à défendre. Nous sommes l’Eglise de Jésus-Christ dans le monde tel qu’il est et tels que nous sommes nous-mêmes, avec nos joies et nos peines, nos angoisses et nos espoirs, nos pauvretés et nos richesses, nos lourdeurs et nos dynamismes, mais dans la joyeuse espérance que nous procure la foi. L’Evangile du Salut, nous le portons dans des vases d’argile, selon l’image de l’Apôtre des Nations, pour que se révèle vraiment que c’est la puissance de Dieu qui agit et non la nôtre. Nous apprenons ainsi à compter, non pas sur nos propres ressources, mais sur le don de la grâce divine qui, telle un fleuve sans fin, coule dans les âmes des fidèles du Christ depuis la Source intarissable de son côté transpercé, de son Cœur miséricordieux.

         Frères et sœurs, c’est à cette Source qu’il nous est donné la grâce de boire maintenant en adorant le Saint-Sacrement. Le reliquaire de saint Martial et donc saint Martial lui-même nous tourne vers Celui dont il s’est fait le disciple et l’apôtre, vers Celui qui est l’Alpha et l’Omega, le Centre et le Maître de l’Histoire. Avec saint Martial et tous les saints qui intercèdent pour nous, avec les anges, avec la Mère de Dieu, tenons-nous maintenant en prière devant Jésus, présent dans le Saint-Sacrement de l’autel, devant Jésus Souverain Prêtre de l’Alliance nouvelle, devant l’Agneau pascal qui s’est offert pour notre salut. Amen.

 

+ Francis BESTION

Evêque de Tulle

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