Dimanche 26 mars 2017 - 4ème dimanche de Carême - Année A — Diocèse de Tulle

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Dimanche 26 mars 2017 - 4ème dimanche de Carême - Année A

Après le récit des tentations de Jésus au désert (1er dimanche de Carême), celui de sa Transfiguration (2ème dimanche), celui de sa rencontre avec la samaritaine (3ème dimanche), l’Eglise, aujourd’hui, 4ème dimanche, nous fait écouter un autre grand récit : celui de la guérison de l’aveugle-né. De dimanche en dimanche, les évangiles éclairent notre chemin de conversion en nous donnant comme modèle Jésus lui-même : Jésus vainqueur du démon ; Jésus transfiguré qui nous donne à voir sa gloire ; Jésus, source d’eau vive, qui nous donne son Esprit ; Jésus, lumière pour notre route vers Pâques.

Le récit d’aujourd’hui nous parle de deux sortes de cécités : la cécité physique, celle des yeux, et la cécité spirituelle, celle de l’âme. On pourrait penser que la seconde est plus facilement guérissable que la première, mais ce récit nous montre que c’est l’inverse. Jésus redonne la vue à l’aveugle de naissance, celui qui n’a jamais vu la lumière, mais il se heurte à l’aveuglement des pharisiens – aveuglement du cœur qu’aucun signe, aucun miracle ne semble pouvoir changer. Ainsi, nous sommes renvoyés à la première page du 4ème évangile, celle du Prologue, où il est dit que le Verbe fait chair est la vraie lumière venant illuminer tout homme en ce monde, mais que le monde lui a préféré les ténèbres.

Celui qui se présente comme la lumière du monde est le même qui dira à l’apôtre Thomas : « je suis le chemin, la vérité et la vie ». C’est dire que grâce à lui, en lui, avec lui, nous savons d’où nous venons et où nous allons ; nous connaissons le but et le chemin pour atteindre ce but ; nous tenons de lui la vie, parce qu’il est lui-même la Vie en personne. Parce qu’il est la lumière, il est capable d’ouvrir nos yeux et nos cœurs. L’aveugle de l’évangile, une fois guérie de sa cécité physique est capable d’accueillir la lumière du Christ, il est capable de dire : « je crois, Seigneur » et de se prosterner aux pieds de Jésus.

Un paradoxe éclate au grand jour dans ce récit : ceux qui croient voir, qui croient savoir, se révèlent être des aveugles, et celui qui était aveugle est rendu capable de reconnaître le Messie de Dieu. Le récit se termine par cette affirmation de Jésus : « du moment que vous dites ‘nous voyons’, votre péché demeure ». Plus l’ex-aveugle voit clair parce qu’il est illuminé par le Christ, et plus ceux qui sont assurés de leur savoir s’aveuglent.

Ce paradoxe, frères et sœurs, notre époque et notre monde y sont aussi confrontés. Nous-mêmes que la foi du baptême a illuminés, nous sommes encore menacés de confondre les ténèbres et la lumière, ou de préférer les ténèbres de notre savoir, de nos opinions, de nos habitudes à la lumière du Christ. Pour vivre en enfants de lumière, nous devons affronter le combat contre les ténèbres du péché, les ténèbres que peuvent représenter les épreuves de toutes sortes auxquelles notre condition humaine nous expose, les ténèbres du doute et de la peur devant les incertitudes concernant l’avenir. La lumière du Christ, la lumière de la foi au Christ ne nous met pas à l’abri des difficultés et des épreuves de la vie. Cependant, elle nous permet de les affronter en éclairant notre chemin, elle donne un sens aux évènements de notre vie et du monde. Il y a une lumière qui vient de l’intérieur, de la présence du Christ à nos vies. Quand nous devons choisir, discerner, décider, nous avons une lumière, une boussole qui nous permet d’avancer dans la confiance. Elle ne donne pas forcément la solution à tous nos problèmes, mais elle éclaire chaque pas sur le chemin, ce chemin que Jésus lui-même a emprunté pour monter à Jérusalem et y vivre sa Pâques. C’est la route de la croix, mais aussi celle de la gloire de la résurrection qui, désormais, illumine toutes les croix des disciples du Christ. Le baptisé, celui qui a été illuminé, n’est plus condamné à errer sur les routes du monde, il n’est pas réduit à vivre comme s’il ne savait pas d’où il vient et où il va, comme si la barque de sa vie était dirigée au gré des courants du fleuve, sans boussole et sans cap.

Frères et sœurs, parce que nous sommes appelés à vivre en enfants de lumière, nous pouvons aussi, humblement, devenir des lumières pour nos proches. Que la vie serait changée si ceux qui nous voient vivre pouvaient dire : je voudrais vivre comme eux ! Comme la lumière de leur vie éclaire les ténèbres qui nous entourent ! Comme leur présence est source de paix, de confiance, d’espérance ! N’est-ce pas cela la vie chrétienne : accueillir la lumière du Christ pour découvrir le chemin à suivre, accueillir la lumière du Christ pour découvrir le sens des évènements et refléter cette lumière pour qu’elle devienne aussi une lumière pour d’autres, une espérance pour d’autres !

Sur la route du Carême, route de pénitence, de conversion, pour mieux correspondre à la grâce de notre baptême, laissons-nous guérir de l’aveuglement du péché, afin de trouver la douce lumière du Christ, d’en être éclairés et de pouvoir la refléter par nos vies. Amen.

 

+ Francis Bestion

Evêque de Tulle

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