19 novembre 2017 - 33ème dimanche du Temps ordinaire – Année A — Diocèse de Tulle

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19 novembre 2017 - 33ème dimanche du Temps ordinaire – Année A

Envoi en mission de ceux qui ont suivi le CEFAC - Cathédrale de Tulle

Frères et sœurs,

Dans quinze jours, avec le 1er dimanche de l'Avent, nous entrerons dans une nouvelle année liturgique. Mais, pour le moment, nous vivons les derniers dimanches de l'année liturgique en cours, et les textes de la Parole de Dieu nous invitent à méditer sur la fin des temps, la fin du monde, où le Christ reviendra dans sa gloire pour tout récapituler en Lui.

C'est ainsi que l'Evangile que nous venons d'écouter commence par ces mots : "Jésus parlait à ses disciples de sa venue" ; cette "venue", c'est celle de son retour à la fin des temps. Avouons que ce retour a quelque chose de bien mystérieux pour nous ; et cela pour la simple raison que nul n'en connaît le jour. Cela n'a pas empêché – tout au long de l'histoire de l'Eglise et du monde – que des personnes et des sectes aient voulu prédire ce jour où le monde prendra fin. L'an 2000 – souvenez-vous – a suscité de telles prédictions ! Preuve d'ailleurs que leurs auteurs n'avaient pas bien lu les évangiles, sinon ils auraient trouvé la parole de Jésus qui affirme que seul le Père connaît la date de la fin des temps et le retour de son Christ. A vrai dire, mises à part ces prédictions fantaisistes visant à effrayer les gens, bien peu de personnes, et même bien peu de chrétiens, se soucient de ce retour du Christ… Nous avons beau, à chaque messe, chanter à l'anamnèse « nous attendons ton retour dans la gloire », ce n'est pas pour autant que nous semblons beaucoup désirer qu'arrive ce jour du retour du Christ… C'est une attente bien théorique ! Comme nos contemporains, nous courons le risque de nous engluer dans le temps et le monde présent, avec ses soucis, ses bonheurs et ses malheurs, en oubliant d'où nous venons et où nous allons…

Il n'est donc pas inutile que chaque année, les derniers dimanches de l'année liturgique tournent nos âmes vers cette réalité de la fin des temps et du retour du Christ. Mais alors, serait-ce pour susciter en nous une sorte d'angoisse salutaire ? Non. La parabole que Jésus raconte, dite des "talents", dans laquelle il parle de "sa venue", ne donne justement pas en exemple le serviteur qui a eu peur et qui s'est empressé d'enfouir dans la terre, le talent reçu du Maître. C'est un "serviteur mauvais et paresseux", dit le maître, qui se verra enlever ce qu'il avait reçu.

Mais alors, frères et sœurs, quelle leçon tirer de cette parabole ? Il faut, je crois, commencer par écarter un malentendu. Le mot "talent" peut en effet nous tromper. Il ne signifie pas, comme dans notre langue française, des qualités, des dons naturels que nous posséderions et devrions faire fructifier, comme lorsqu'on dit de quelqu'un de doué qu'il "a du talent". Non, ce n'est pas vraiment cela dont il est question. Dans la bouche de Jésus, le mot "talent" correspond à une valeur monétaire de l'époque, comme nous pourrions parler aujourd'hui de lingot d'or. Par conséquent, ne faisons pas fausse route : les talents dont il est question ne sont pas des dons naturels, des qualités morales. D'ailleurs, pour nous en convaincre, il suffit de bien lire le début de la parabole : "un homme, qui partit en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens". Ce sont les biens du Maître. Que devons-nous comprendre ? Ce Maître, nous comprenons qu'il s'agit du Seigneur. Et ses propres biens qu'il nous confie sont les dons de la grâce divine. Saint Hilaire de Poitiers, commentant ce passage des évangiles, disait que chacun "selon la mesure de sa foi reçoit l'Annonce de l'Evangile". C'est cela le ou les lingots d'or précieux que nous avons reçus au baptême. C'est cela "le bien incorruptible", explique saint Hilaire, "c'est cela le patrimoine du Christ, préparé pour les héritiers de l'éternité".

Voilà, chers amis, le sens de la parabole. Nous sommes les héritiers du Christ, les héritiers de l'éternité à qui il a confié "l'annonce de l'Evangile". Un autre grand évêque, saint Grégoire de Nysse, qui vivait au IVème siècle, en Cappadoce, dit que les « talents » de la parabole, c'est "la grâce de l'Esprit-Saint donnée à chacun en vue de son labeur, c'est-à-dire pour le progrès et la croissance de celui qui les reçoit".

La première lecture, tirée du Livre des Proverbes, dans l'Ancien Testament, nous parlait d'une "femme vaillante", d'une "femme forte" qui se lève quand il fait encore nuit, et dont "les mains travaillent avec entrain pour filer la laine et le lin", et dont "les doigts s'ouvrent en faveur du pauvre et du malheureux". Et saint Paul, dans la deuxième lecture, dit des chrétiens qu'ils "sont des fils de la lumière et non des ténèbres" et que, de ce fait, ils ne doivent pas "rester endormis comme les autres", mais qu'ils doivent "être vigilants". C'est un programme qui nous est indiqué pour être fidèles à l'Esprit Saint, l'Esprit de notre baptême et de notre confirmation : ne pas dormir, être vigilant, faire fructifier les dons reçus de l'Esprit-Saint, de la Parole de Dieu, être de véritables témoins de l'Evangile reçu, avoir le souci des pauvres et des malheureux. Et tout cela pour un seul but : être de dignes héritiers du Maître, c'est à dire de Notre Seigneur Jésus, qui nous a remis de précieux lingots, c'est-à-dire être les héritiers de l'éternité.

 

Chers amis qui avaient suivi la formation du CEFAC depuis deux ans, vous voyez que cette parabole tombe à point pour le jour où l’évêque vous envoie en mission. Si vous avez été appelés à suivre cette formation diocésaine, exigeante, c'est précisément parce que vous étiez déjà engagés, de manières très diverses, dans la vie de l'Eglise, au sein de vos paroisses, dans des mouvements et des services, c’est-à-dire que vous faisiez déjà fructifier les dons de la grâce reçus de Dieu. Vous vous êtes formés, pendant deux ans, pour grandir encore plus dans l'intelligence de la foi, pour rendre encore plus active la grâce de votre baptême et de votre confirmation et, ainsi, pouvoir poursuivre la mission et peut-être, pour certains, recevoir une mission nouvelle.

J'en profite devant vous pour exprimer ma gratitude et ma reconnaissance envers vos formateurs : prêtres, laïcs et consacrés.

Dans quelques instants, je m'adresserai personnellement à chacun et chacune d'entre vous pour encourager les uns à poursuivre la mission dans laquelle ils sont déjà engagés ou pour confier aux autres une nouvelle mission, dans leur Communauté locale ou sur le plan diocésain. Je le fais après avoir écouté les formateurs et après m'être entretenu longuement avec chacune et chacun d'entre vous. Quelle que soit cette mission – continuité ou nouveauté – je vous demande de la recevoir comme un nouvel appel du Christ pour un renouvellement de votre foi et de votre activité évangélisatrice. On est témoin du Christ parce qu'on a foi en lui. C'est évident pour tout le monde. Mais n'oublions pas aussi que c'est notre activité apostolique de témoin qui actualise sans cesse notre foi, qui la fait grandir et qui l'authentifie comme une foi adulte, vivante et ecclésiale.

 

Préparer le retour du Christ, que ce soit son retour à la fin des temps ou son retour pour chacun et chacune d'entre nous quand viendra l'heure de paraître devant Lui, à la fin de notre vie terrestre, cela signifie être fidèle aux dons que nous avons reçus, pour nous entendre dire : "Serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Maître". Cette joie de l'éternité, cette joie de Jésus Christ, cette joie de Dieu, goûtons-y dès maintenant en faisant fructifier l'héritage, en vivant de l'Evangile, en témoignant de l'Evangile, avec la force que nous donne l'Esprit Saint. Amen.

+ Francis Bestion

Evêque de Tulle

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