Lundi 23 novembre 2015 - Obsèques de M. l'Abbé René PAUTY — Diocèse de Tulle

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Lundi 23 novembre 2015 - Obsèques de M. l'Abbé René PAUTY

Eglise de Branceilles

Frères et sœurs, lorsque nous célébrons des obsèques, nous aimons évoquer la vie du défunt ou de la défunte – comme l'a fait l'abbé Reynal, au début de la messe. Non pas pour faire le panégyrique de la personne, non pas pour la canoniser, mais pour nous rappeler les étapes de sa vie, des évènements marquants, les traits de sa personnalité, sa vie de chrétien… Lorsqu'il s'agit d'un prêtre, à tout cela s'ajoute la manière dont il a vécu son ministère.

Depuis mon arrivée dans le diocèse, j'ai rencontré de nombreuses fois l'Abbé Pauty ; et nous ne parlions jamais de la pluie et du beau temps ! Il me parlait de son ministère passé et présent ; il s'intéressait à la pastorale diocésaine ; il me partageait ce qui lui tenait à cœur dans sa mission, comme prêtre, retiré, mais encore ô combien actif.

En méditant tout cela, m'est revenu en mémoire un passage du Décret du Concile Vatican II sur la vie et le ministère des prêtres, qui est une petite synthèse de ce qu'est le sacerdoce des prêtres : "Les prêtres ont été pris du milieu des hommes et établis en faveur des hommes, dans leur relation à Dieu, afin d'offrir des dons et des sacrifices pour les péchés ; ils vivent au milieu des autres hommes, comme des frères au milieu des frères".

Je voudrais reprendre 3 éléments de ce texte du Concile parce qu'ils nous disent quelque chose d'important sur la vie et le ministère du prêtre, tel que l'a vécu le Père Pauty :

Les prêtres sont pris parmi les hommes ;

Ils sont établis, constitués, en faveur des hommes ;

ils sont présents au milieu des hommes.

 

1. Le prêtre est un homme qui est né dans un certain contexte humain, dans un lieu donné, et d'abord dans une famille. Le prêtre ne surgit pas, comme un champignon, le jour de son ordination. Avant d'être ordonné prêtre, il y a toute cette histoire de relation dans sa famille et son voisinage, d'éducation, de traditions qui ont façonné sa personnalité, qui lui ont donné une connaissance et une expérience des relations humaines. Tout cela comptait beaucoup pour l'Abbé Pauty. C'est ce qu'on peut appeler les "racines". Il n'y a pas d'arbre solide sans racines. Pour lui, les racines familiales étaient très importantes. Lorsque j'étais formateur dans les Séminaires, j'invitais toujours les séminaristes dont j'étais le Père spirituel à apprendre à relire longuement leur histoire familiale pour y repérer les forces sur lesquels ils pourraient s'appuyer, mais aussi les faiblesses et parfois même les blessures. C'est en famille qu'on apprend à être aimé et à aimer les autres.

2. Il y a ensuite la seconde notation du Concile : un prêtre établi, constitué en faveur des autres.

On n'est pas prêtre pour soi. En réponse à l'appel de Dieu, on devient prêtre pour le service des frères et des sœurs qui nous sont confiés, pour le service d'un peuple. Le modèle en cela, c'est le Christ lui-même. Il est le Grand prêtre, pris du milieu des hommes, à la fois proche de Dieu son Père et proche de ses frères et sœurs en humanité ; il est le Serviteur qui lave les pieds de ses disciples et qui se fait proche de ceux qui sont loin, malades, blessés, pauvres ; bref, il est le Bon Pasteur qui a toujours comme but le soin du troupeau.

Les prêtres sont envoyés pour servir les hommes, pour leur manifester la miséricorde de Dieu, pour leur annoncer la Parole qui fait vivre. Notre sanctification, comme prêtres, est liée à celle de notre peuple. Savoir que nous avons été établis, constitués pour servir le peuple de Dieu nous aide à ne pas penser d'abord à nous, mais avant tout à être des pasteurs pour les autres. C'est bien ce nom de "pasteur" qui collait à la peau de notre frère René Pauty. C'est ce mot qui nous vient immédiatement à l'esprit lorsqu'on évoque son ministère.

3. Enfin, la troisième notation : le prêtre, homme au milieu des autres hommes.

Cela veut dire que le prêtre, homme né dans un peuple, est toujours présent au milieu des autres hommes. Cela signifie que le prêtre n'est pas un professionnel de la pastorale et de l'évangélisation – qui ferait ce qu'il faut faire sans plus, comme on fait un métier. Nous avons été constitués prêtres pour être au milieu des gens. Et le bien que peut faire un prêtre est toujours conditionné par sa proximité avec les personnes. Les prêtres ne sont pas des philanthropes ou des fonctionnaires ; ce sont des pères et des frères. Et si le peuple chrétien cherche des pères et des frères, alors des vocations se lèveront. Si le peuple cherche des fonctionnaires du culte, s'il n'a pas besoin de pères et de frères, alors il n'y aura pas de vocations. Si les baptisés n'éprouvent plus le besoin de se rassembler le dimanche pour célébrer les mystères du salut, s'ils ne recourent plus au sacrement de la réconciliation pour recevoir le pardon de leurs péchés, c'est-à-dire s'ils n'ont plus besoin de pères, alors le prêtre se sent inutile. Cherchons des Pères et des frères et nous trouverons des vocations de prêtre !

Je crois pouvoir dire que lorsqu'on se trouvait avec l'Abbé Pauty, on sentait le Père et le frère.

Chers amis, nous allons maintenant offrir le sacrifice eucharistique pour le repos de l'âme de notre frère. Ce qu'il avait fait tant de fois, à l'autel du Seigneur, nous le faisons en demandant au Seigneur de l'accueillir comme il l'a promis à ceux qui l'auraient servi : "Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître !". C'est bien dans l'espérance de notre résurrection – comme nous le rappelait l'Evangile – que nous célébrons l'eucharistie, mémorial de la Pâque du Christ. Puissions-nous, avec la même foi que le centurion de l'Evangile au pied de la croix, discerner dans le pain et le vin qui vont devenir le Corps et le Sang du Seigneur, sa Présence capable de nourrir en nous la vie éternelle. Amen.

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